1er jour :
8h tapante, le minibus passe nous chercher devant l'auberge "chez Paulette". Depuis qu'un canadien m'avait parlé de ce parc 2 ans auparavant, j'avais gardé le nom de ce lieu quelque part dans ma mémoire et aujourd'hui on fait la route pour rejoindre ce sanctuaire. Les nuages sont épais et, pire que la pluie, le vent ou les nuages, la brume est là et masque les paysages qui bordent la route. On frotte les vitres embuées en scrutant le ciel à la recherche de la moindre éclaircie. Ces nuages tracent notre parcours, nous entamerons la randonnée en "W" par l'ouest, en espérant que le fort vent balayera tous ces nuages pour apprécier les tours de Paine le dernier jour. Le minibus nous dépose à quelques pas de l'administración, bâtiment principal de la Conaf (La Conaf est l'organisme qui gère tous les parcs et réserves naturelles du Chili). On charge nos gros sacs, le chauffeur nous indique la direction à suivre et notre trio se met en route.
Le long d'une rivière, nos premiers pas sont difficiles, nous avançons péniblement dans de gigantesques champs d'herbes jaunies, handicapés par le vent soutenu qui nous fait face.
Le vent s'exprime à sa façon et dessine des ondulations qui vont et viennent à la surface des champs. Un peu plus loin, quelques monticules de terre parsèment le terrain avec de nombreux arbres morts. Des arbres qui semblent avoir été dépouillés par la force du vent, seules leurs carcasses attendent, sans espoir, qu'une tempête les déracine.
Belle Patagonie au climat rude, 150000 habitants pour 2 millions de moutons et un demi millions de pingouins.
Nous continuons notre progression vers le nord jusqu'à arriver dans une zone où se détendent quelques chevaux. Ils profitent de la saison calme pour se reposer.
Plus de 3h se sont écoulées depuis notre départ, le sentier bifurque sur la gauche et s'enfonce dans un décor de buissons et de rocailles. Il monte légèrement avant de laisser entrevoir une vue plongeante sur un lac bleu métallique. Nous pouvons apercevoir la base des montagnes du parc, le reste étant caché par les nuages. Le ton est donné, nous sommes entré dans un des royaumes de Dame Nature et elle s'est paré de ses plus beaux habits pour nous accueillir. Notre randonnée se change en balade aux pays des anges.
2e jour :
Après une nuit revigorante passée au camping aménagé près du refuge Pehoé, nous profitons des installations du refuge pour prendre notre petit déjeuner avant de commencer l'étape du jour. Nous commençons la première branche du circuit W, la partie la plus à l'est. Il s'agit d'un aller-retour le long du lac Grey avant de se terminer sur le glacier du même nom. Le sentier s'engouffre dans la vallée puis remonte et s'évase sur une terrasse qui domine le lac. Ses eaux sont calmes et quelques icebergs immobiles flottent le long de ses rives.
La vallée est marquée par les cicatrices laissées par le vent. Aucun souffle aujourd'hui, mais les arbres sont courbés et toutes les branches et rameaux dirigés dans le même sens. Les rafales incessantes assénées par le vent ont façonné les plantes de la vallée. Comme de parfaits serviteurs, fidèles à leur maître, ils répondent à l'unisson.
Après 1h30 de marche, nous accédons au point de vue donnant sur le glacier. La montagne le recueille dans un premier temps puis le rejette et vomit dans le lac son trop plein de glace dans un concert de bruits fracassants.
Nous restons contemplatifs plusieurs minutes avant d'engager le chemin du retour. Arrivés au refuge, démontage des tentes, repas, et on repart, direction l'ouest. 2 heures nous séparent du campement dit "italien" situé à l'entrée de la vallée centrale dite "vallée française". Une marche agréable entre forêt, lac, rivières et montagnes.
Les portions glacées sont parfois moins dangereuses en les dévalant sur les fesses, vas-y Ben !
Nous sommes les seuls dans ce campement. Nous déchargeons les affaires et, allégés on commence à grimper les pentes de la vallée. La marche est dure et la fatigue commence à se faire sentir. Le sentier est sectionné par de nombreux passages glacés qui compliquent et ralentissent notre progression. A la suite d'une montée, nos yeux s'arrêtent sur un nouveau glacier qui porte le même nom que la vallée, le glacier "français". Nous assistons à plusieurs effondrements de blocs de glace qui provoquent une mini-avalanche à leur lieu d'impact. Nous sommes aux premières loges d'un spectacle sons et images. Nous sommes ses trois seuls spectateurs, ce soir.
Avec le déclin du soleil, nous rebroussons chemin jusqu'au campement. Toute la nuit nous entendrons l'activité destructrice du glacier.
3e jour :
Une longue marche au milieu de cette belle nature qui nous laisse aux portes des tours de Paine dans le campement "chilien". Fatigués, nous nous couchons au crépuscule.
4e jour :
Le jour n'est pas encore levé et il est l'heure de sortir du sac de couchage. Enfiler des habits froids et sortir de la tente. A l'extérieur, la température doit être voisine des -10°C. Le gaz de la cartouche a du mal à sortir et la flamme du réchaud est faible, je réchauffe la cartouche afin d'aider la vaporisation du gaz et faire chauffer de l'eau. Un peu de liquide chaud et quelques gateaux dans le ventre, nous quittons le camp en laissant la quasi-totalité de notre équipement sur place. 7h45, nous voilà sur le chemin qui mène au mirador des tours de Paine. Nos muscles se réchauffent petit à petit. Nos pas avancent lentement sur le sol gelé. Nous jouons les équilibristes sur les rivières gelées et chacun a eu droit à sa gamelle. La première partie alterne passage en forêt et traversée de rivières figées. Un peu plus loin, nous laissons une zone de campement sur notre droite, dernière possibilité de planter la tente avant les tours. La suite du sentier s'élève en hauteur et serpente dans une morène pentue en partie couverte de neige. Nos pas sondent le terrain. La neige cache les obstacles, tantôt pierres, tantôt trous. Au dénivelé, s'ajoute la difficulté du sentier incertain. Nos efforts sont récompensés en haut de la morène... Nos pas ralentissent et nos yeux s'équarquillent : las torres del Paine ! La soleil rasant teint les tours en ocre. A leur base, un lac couvert de neige ; le blanc immaculé et la roche dorée s'unissent devant nos yeux. 3 tours comme notre trio franco-espagnol. Un moment magique que nous partageons et que nous immortalisons dans nos petites boites opto-électroniques.
Sur le chemin de retour, nous nous arrêtons au campement pour démonter les tentes et ranger nos sacs. Nous mangeons avant de déguerpir et filer dans la vallée. Le bus doit venir nous récupérer près de la laguna Amarga à 16h et il nous reste plus de 3h de marche. Comme la veille, nous n'avons rencontré aucun touriste aujourd'hui. Sur 4 jours nous avons dû croiser une quinzaine de personnes quand dans la période estivale, les bus touristiques déversent plus de 300 personnes par jour ! Nous arrivons pile à l'heure, le minibus nous récupère pour nous déposer à Puerto Natales à 2h de là. Nous savourons notre dernière soirée ensemble en espérant se revoir avant de rentrer en France.
Chili-Argentine 2006
voyage d'un mois en juillet-août 2006 avec Benjeudi 10 août 2006
Torres del Paine, le magnifique
Par dorian le jeudi 10 août 2006, 00:15
dimanche 6 août 2006
Puerto Natales : aux portes du parc Torres del Paine
Par dorian le dimanche 6 août 2006, 02:11
Départ ce matin de Punta Arenas pour se rendre à Puerto Natales, carrefour quasi-obligatoire pour se rendre au parc Torres del Paine, joyau de la région et vraisemblablement d'Amérique du sud. On en saura plus dans les prochains jours. On débarque à Puerto Natales en début d'après-midi après 4h de transport en bus. La propriétaire d'un hostal attend à la sortie du terminal et nous propose une nuit dans sa demeure pour 6€ par personne petit déj' inclus. On fait affaire avant de discuter de la suite du programme : Torres del Paine prévu pour le lendemain. A l'intérieur du parc, le sentier principal s'appelle le sentier "W" qui mène à différents miradors. Le sentier supérieur est fermé en raison de l'enneigement. C'est la saison basse et le froid n'attire pas grand monde et d'après les renseignements pris auprès de la propriétaire, seul un refuge est ouvert, pour le reste, il faudra camper et manger nos sachets lyophilisés. On s'empresse de faire quelques courses d'appoint, soupes en poudre, barres énergétiques, 4 jours de marche et 3 nuits dans le parc. Pour cette randonnée, on sera 3, un espagnol, Jaume (prononcez "Jaouma") rencontré à l'hostal fera également parti du voyage.
Demain matin, c'est le grand départ, en fonction du temps on commencera soit par l'est si le temps est clément ou par l'ouest si le temps est maussade. Le trekking se décompose comme suit (d'est en ouest) départ de la Guarderia Laguna Amarga d'où on rejoindra la hosteria Las Torres avant de se diriger sur la première branche du W et la valle Ascencio, d'en haut on pourra observer les Torres del Paine. En redescendant, on enchainera sur la partie centrale du W connue sous le nom de valle del Frances qui propose des points de vue sur los Cuernos del Paine. On finira par la dernière branche du W qui longe le lago Grey avant de revenir au refugio Pehoé. De ce refuge, on regagnera l'Administración en suivant le Rio Grey, départ du parc avant d'attraper le bus de l'après-midi qui rentre à Puerto Natales. Pas mal d'infos, mais tout est sur la carte accessible par ce lien (suivez les flèches jaunes !) : cliquez ici pour la carte. En attendant les photos que j'enverrai dès notre retour !
J'en ai quand même 2 à proposer : vues du lac qui borde Puerto Natales.
samedi 5 août 2006
Punta Arenas, un air de bout du monde...
Par dorian le samedi 5 août 2006, 02:04
L'air vivifiant et l'architecture spécifique des maisons nous remplissent de pensées positives sur ce bout de terre. Mais, quand le cerveau nous rappelle qu'on vient de poser les pieds en Patagonie, l'histoire change. Une région qui a fait et continue de faire rêver des générations d'explorateurs et de voyageurs assoiffés de grands espaces et de nature vierge. C'est ici qu'autrefois, un illustre navigateur portugais, Fernand de Magellan, a traversé pour la première fois le détroit qui porte désormais son nom. De nouvelles voies de navigation furent ouvertes. C'était en 1520, cinq caravelles partaient d'Europe pour le compte de la couronne espagnole, une seule rentrera, accomplissant le premier tour du monde de l'histoire et dessinant le destin de nombreuses générations de navigateurs. Récits passionnants et légendes incroyables sur le monde nouveau. L'illustre navigateur ne rentrera pas de ce voyage, assassiné sur le chemin du retour. Mais l'héritage transmis fut et reste grand. La région la plus australe du Chili, la XIIe, porte son nom Magallanes (Magellan en espagnol) et Punta Arenas en est la capitale. Son peuple arbore un drapeau qui lui est propre montrant un fort attachement à leur racines, il représente la croix du sud flottant au-dessus d'une chaine montagneuse. Le détroit de Magellan ou plus précisément le canal, il est là, devant nos yeux, juste un peu d'eau chargée d'histoire. Un bras de mer qui a vu des centaines de milliers de navires depuis sa découverte. Durant les siècles passés, Punta Arenas a connu un développement rapide avant l'établissement du canal de Panama ; ie s'agissait d'une étape de choix pour les navires marchands avant de remonter les côtes pacifique de l'Amérique espagnole. Et dire que psonne ne nous avait conseillé de venir ici, le froid, le vent, la pluie... Quoiqu'on en dise, on n'échangerait pas notre place, même pour plusieurs milliers de pesos.
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