paroles du bout du monde

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TDM-Népal

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mercredi 12 septembre 2007

Panorama sur les Annapurnas

Un bref saut à Kathmandou pour faire mon visa pour l'Inde avant de partir pour Pokhara et la région protégée des Annapurnas. Les treks les plus mythiques s'appellent le tour des Annapurnas en 17 jours et le sanctuaire des Annapurnas en 12 jours. Mais je n'ai pas le temps de fouler un de ces parcours et une agence de voyage de Kathmandou me propose en 6 jours, "le panorama des Annapurnas". Je fais la connaissance de Gyan Gurung qui m'accompagnera pendant ces 6 jours. Un souriant petit népalais d'une cinquantaine d'années.
Le lendemain matin, départ pour Pokhara, un trajet de 7h en bus. En route, nous laissons quelques touristes à Dumré ; de là, ils partiront pour Besi Sahar et débuteront le circuit des Annapurnas. À Pokhara, les hébergements pour touristes s'égrainent le long du lac. Atmosphère reposante loin du brouhaha de Kathmandou. Une photo panoramique accrochée sur le mur de la réception de la guesthouse me laisse songeur. Par beau temps, le lac reflète les géants de 7000 et 8000m de la région mais, je dois me contenter de la photo.
Je me balade dans la rue touristique de Pokhara avant d'établir mon permis pour accéder à la zone protégée des Annapurnas. Un simple droit d'entrée au parc. Je dévore un plat de spaghetti avant de m'endormir, l'esprit saupoudré de neiges éternelles. Demain c'est le grand jour.

1er jour : Naya Pul => Hilé
Un minibus local nous dépose à Naya Pul à 1h30 de Pokhara. On charge nos sacs et on disparait dans les méandres du village. Premier pont de singe pour traverser la rivière et enregistrement auprès des autorités du parc. Il convient d'enregistrer son trajet, son nom et le nombre de jours dans le parc.

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Un sentier s'éloigne du village. Je suis content de frotter mes souliers sur les chemins terreux de cette belle nature népalaise. Nous longeons la rivière. Les pluies de la mousson font des ravages. Quelquefois le sentier est impraticable et nous devons traverser les eaux tumultueuse de la rivière pour continuer sur l'autre rive. Cette première étape est courte et nous arrivons au village de Hilé. Un empilement de tôles ondulées sur des charpentes de bois multicolores avec des écriteaux divers : restaurant, guesthouse, delicious food, hot shower. La mousson est synonyme de saison creuse, et je suis le seul touriste de ce regroupement de maisons d'hôtes. Et pour 1 euro la nuit, il serait dommage de trimballer la tente. L'ambiance relaxante me fait réaliser le plaisir d'être là. De voir les champs étagés de la colline d'en face disparaitre au fur et à mesure où le crépuscule descend.

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2e jour : Hilé => Ghorapani
Des escaliers encore des escaliers. Une montée harassante qui m'arrache des litres d'eau de sueur. 1200m de dénivelé. Plus ou moins haut, de bois ou de pierre, l'escalier est devenu un leitmotiv. la tête se lève pour scruter la suite du parcours mais c'est souvent le regard bas et fuyant qu'elle puise son énergie pour ordonner aux jambes de se soulever et d'avancer. De grosses gouttes ruissèlent sur mon visage et s'éclatent sur les marche de pierre. Les yeux oublient les paysages alentours et toute l'énergie s'enfuit dans les quadriceps. La souffrance se lit sur le visage des autres fous qui sont venus chercher un peu de détente et d'air frais dans la nature difficile des Annapurnas. Ghorapani. Une incomparable satisfaction m'envahit quand je me déchausse et pend mes chaussettes qui gardent entre ses mailles le fruit de l'effort. En face, les montagnes ne sont pas là. Où sont passés les Annapurnas et le Dhaulagiri ? Derrière l'épais rideau nuageux. Le confort d'une chaise et d'un plat de pâtes me combleront amplement.

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3e jour : Ghorapani => Tadapani
Le réveil sonne. Le cadran indique 5h. Je penche la tête par la fenêtre et rien ne scintille dans le ciel. On annule l'ascension matinale vers Poon Hill, promontoire privilégié pour contempler le lever de soleil sur le massif enneigé. A une heure plus décente pour se lever, des fenêtres couleur azur entrouvrent la muraille grisâtre. les majestueux Dhaulagiri et Annapurna I apparaissent. Je dépouille du regard les arrête et éperons de l'Annapurna I et me mets à penser à Maurice Herzog et Louis Lachenal qui 50 ans en arrière devenaient les premiers alpinistes à réussir l'ascension d'un sommet de plus de 8000m. L'envie de lire le récit de cette aventure me dévore. Par chance, une petite librairie de Ghorapani détient une copie retraçant l'épopée de l'expédition française : "Annapurna, premier 8000". Le précieux livre au fond du sac, on s'aventure sur une nouvelle tranche d'escaliers.

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A 3000m d'altitude, une buvette désaffectée se mêle à la tristesse du temps. Notre attente n'y changera rien. Nous pénétrons dans une forêt de rhododendrons. Corps tortueux qui se prolongent de fleurs aux teintes vives quand vient le printemps. Rivière en cascade, arbres majestueux dans un coulis de nuages duveteux, balade en corniche. Le menu est alléchant. Et dire que pour ce trek je pensais marcher dans la neige, sur un sol aseptisé, sur des cailloux irréguliers. Rien de tout ça, un nature verdoyante et virevoltante. Une eau cristalline qui remplit les oreilles quand les yeux sont occupés à vérifier où les pieds se posent. Overdose de couleurs. Le chemin joue avec l'eau. Des rondins de bois enjambent la rivière et on saute d'une rive à l'autre.

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Arrivée à Tadapani, mes yeux se reposent enfin en allant et venant sur les premières lignes du récit de Maurice Herzog. La montagne sacrée du Machhapuchhare perce l'horizon. Silence... une bande d'admirateurs s'est levé. Les neiges de l'Annapurna sud scintillent. Silence toujours... La teinte orangée s'épaissit jusqu'à s'évanouir dans l'obscurité de la nuit naissante. Les pages du récit défilent.

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4e jour : Tadapani => Landruk
Les troncs de rhododendrons reprennent leur valse. Un jeune népalais se décortique les dizaines de sangsues accrochées à ses pieds ensanglantés. Plus chanceux, j'en aurai que 2. Un peu plus loin, un buffle nous démontre la capacité de ces êtres horribles à boire du sang. Le diamètre de ces sales bestioles est passé d'un millimètre à plus d'un centimètre. Quant aux yeux, ils ne se trompent pas. Le spectacle est plus aérien. Jungle et montagnes. Belle oxymore.

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5e jour : Landruk => Pothana
Courte journée. Un simple balade. La jungle s'éloigne et les rizières se dessinent. Je termine l'épopée himalayenne de Maurice Herzog et Louis Lachenal qui un certain 3 juin 1950 ont ouvert la course à la conquête des sommets de plus de 8000m.

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6e jour : Pothana => Phedi => Pokhara
On atteint le village de Dhampus et entreprenons une longue descente vers Phedi. Le spectacle des Annapurnas se referme. Je vis mes derniers instants avec mon guide Gyan Gurung auquel je me suis attaché. Mais sur la route du retour vers Pokhara, assis dans ce bus brinquebalant, je m'assoupis. Et j'ai l'intime conviction que ces chemins mythiques sur les contreforts de l'Himalaya reverront mes semelles Vibram et que Gyan Gurung sera de la partie...
Fin des aventures népalaises...
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lundi 3 septembre 2007

A la poursuite du rhinocéros à une corne

Un dal bhat (plat traditionnel népalais) dans le ventre après cette palpitante descente en rafting, j'attends au bord de la route un bus qui se rend au parc national du Chitwan. On charge mon gros sac sur le toit du bus et celui-ci repart. Quelques heures plus tard, le bus me dépose au bord de la route, à la sortie de la ville de Narayanghat. Un groupe de rabatteurs m'entourent mais je dégaine l'arme fatale en disant que j'ai déjà réservé. D'ailleurs, quelqu'un s'approche de moi, je grimpe à l'arrière de sa moto et nous partons pour son campement de bungalows à quelques encablures de l'entrée du parc. Nous quittons la route principale pour des chemins de terre et un vague sentiment de liberté. L'après-midi est fortement avancé, et le crépuscule pointe son nez. La balade prévue pour l'après-midi est annulée et j'enchaine directement avec le diner. Escalope végétarienne. Spécialité africaine. L'obscurité recouvre le camp et annonce une nuit reposante.
Au matin suivant, après un petit déjeuner rapidement avalé, j'enfourche la moto pour me rendre sur les rives d'une petite rivière qui coule dans le parc. Le gondolier installe deux chaises de bois à l'avant de sa longue barque puis repousse la berge de sa rame. Nous descendons calmement les eaux de cette rivière en observant les myriades d'oiseaux qui volètent et jacassent dans les airs. dans les eaux, des crocodiles taciturnes et des gavials aux dents mal ajustées nous dédaignent et continuent leur longue sieste. Ces premiers hectomètres m'enivrent. De superbes martins-pecheurs au poitrail bleu furètent du haut des branches. La gondole népalaise nous dépose sur un bout de prairie marécageux tandis que les arbres de l'autre rive se reflètent et saluent notre arrivée.

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Nous troquons les chaises de bois contre une paire de jumelle que le guide porte en bandoulière et partons à la rencontre des animaux de la forêt. Nous jonglons sur les mottes de terre et finissons quelquefois le pied trempé dans une touffe spongieuse. Un peu plus loin dans le sous-bois, la surface d'un lac éphémère rend hommage aux arbres noueux de ses rives. Un reflet surnaturel nous projette dans un conte de fée. Le guide épie chaque mouvement et chaque bruit suspect à l'arrière des buissons. Nous dérangeons quelques cerfs qui s'enfuient. Les craquements de nos pas ne font pas partie de leur éventail de sons connus et acceptés.

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Notre boucle se termine au centre d'élevage des éléphants. Plusieurs spécimens, jeunes et moins jeunes, honteusement attachés à un pieu, traînent leur imposante carcasse tapissée d'une épaisse peau grise. Rien de plus qu'un mini-zoo. Nous traversons la rivière et retournons au campement pour déjeuner.

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Notre jeep fait le tour des campements pour récupérer quelques touristes et roulent en lisière du parc en ce début d'après-midi. En compagnie de 2 japonais, je partage le dôme carré harnaché sur l'échine d'un éléphant. Le cornac saisit une de ses oreilles, appuie ses pieds sur sa trompe et grimpe sur le cou de l'éléphant. Il pose ses pieds à l'arrière de ses grandes oreilles et communique de cette façon avec le quadrupède. Sa démarche dégingandé nous secoue dans tous les sens mais je n'échangerai pas ma place contre le plus confortable des fauteuils. A nous le safari à dos d'éléphant ! Je m'étonne de l'obéissance du pachyderme. Il répond aux ordres du cornac, "tourne à droite", "à gauche", "accélère", "arrête-toi" et tout ça, rien qu'avec les pieds en appui sur les oreilles. Lorsqu'une branche ou un arbrisseau entrave le chemin, le cornac lance un ordre, la trompe s'élève, attrape la branche gênante et l'arrache avec une étonnante facilité. Mais le pachyderme a également ses sautes d'humeur et un baton est là pour rappeler le patron de la balade. Un coup sec sur le lobe frontal décharge un bruit sourd qu'on entend résonner et se propager le long des os de la boite crânienne du puissant animal.
Les hautes herbes dépassent les 3 mètres et l'éléphant avance invariablement. Nos yeux recherchent la présence animale. Et malgré le bruit élevé produit par l'éléphant pendant sa marche, les animaux se laissent approcher. Les petits humains perchés sur son dos sont oubliés et nous prenons part au royaume animal. De beaux cerfs s'alimentent et des paons mâles cherchent à conquérir la belle. Nous ne verrons pas les féroces tigres du Bengale qui ornent pourtant chaque carton publicitaire du parc du Chitwan. Leur population dangereusement basse craint les contrebandiers qui font fortune en les revendant au voisin chinois. Les organes du tigre entrent dans la composition de médicaments soi-disant miracles de leur médecine traditionnelle.

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Sur le chemin du retour, mes yeux captent au loin une silhouette qui m'est familière. Familière depuis mon plus jeune âge quand je feuilletais des livres sur les animaux. Un superbe quadrupède cuirassé rehaussé d'une corne sur son museau. Notre safari atteint son apogée. Comme des gosses, et désolés de troubler sa sérenité, nous admirons ce superbe rhinocéros. Il s'abreuve simplement dans une petite marre et ce moment anodin et journalier se transforme en un instant magique et exceptionnel pour moi. Et longtemps je parlerai de ce rhino que j'admire du haut de cet éléphant quelque part aux confins du Népal.

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samedi 1 septembre 2007

Rafting sur les eaux troubles du Trisuli

Il pleut de bon matin. J'ai rendez-vous avec le responsable de l'agence de rafting devant mon hôtel. Ensemble, nous nous dirigeons vers les bus qui partent pour Pokhara à l'ouest du pays. La plupart des bus sont des Tata, marque indienne qui appartient à une riche famille et fournit des millions de véhicules à tout le sous-continent indien. Et d'après l'italien que j'ai rencontré hier, Tata fait des affaires avec Fiat. On aura peut-être bientôt des taxi Tata avec moteur à injection multipoints !
Le départ du rafting est à 3h de Kathmandou, à quelques mètres en contrebas de la route. Je fais équipe avec un groupe de chinois, plus taillé pour travailler dans une tour shanghaienne que pour pagayer. Notre cortège est composé de 3 bateaux et dès les premiers mètres, mon homologue chinois à l'avant du raft ne fait pas le poids, il caresse plus l'eau que véritablement ramer, si bien que le radeau se met à tourner et il est difficile de tenir un cap (PS: je ne le nommerai pas mais j'en connais un autre comme ça !). Il est très vite remplacé par le second guide népalais, et nous imprimons la cadence en respectant les consignes du barreur.
La mousson est encore active et le niveau de la rivière est élevé. Les pluies drainent la terre des collines et colorent la rivière d'une teinte ocre. Le courant turbulent promet quelques bonnes sensations. Le barreur tâche de n'éviter aucune zone tourbillonnante. On zigzague d'une rive à l'autre pour prendre une place active dans ces remous. Les autres raftings s'en sortent pas trop mal. Nous aussi. Nous décollons sur la première vague pour mieux s'écraser et s'enfoncer sur la suivante. Les pieds calés sous les boudins, on tente d'accrocher l'eau tandis que le liquide boueux passe par-dessus bord et remplit l'embarcation. Mais la plus belle attaque frontale est à mettre au compte du second raft qui réussit la performance de passer complètement sous une vague perdant une de ses rameuses, pas vraiment rassurée de se retrouver à flotter au milieu des rapides. Nous nous régalons pendant les 25km de descente. Les aventures népalaises ne font que commencer...

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Tout le monde connait le Népal pour ses fabuleux treks et ses vertigineux sommets. Envie de relaxer ses jambes sans stationner dans l'atmosphère lourde et polluée de Kathmandou, laissez-vous tenter par les sensations fortes des rivières népalaises.

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