A la poursuite du rhinocéros à une corne
Par dorian le lundi 3 septembre 2007, 16:05 - TDM-Népal - Lien permanent
Un dal bhat (plat traditionnel népalais) dans le ventre après cette palpitante descente en rafting, j'attends au bord de la route un bus qui se rend au parc national du Chitwan. On charge mon gros sac sur le toit du bus et celui-ci repart. Quelques heures plus tard, le bus me dépose au bord de la route, à la sortie de la ville de Narayanghat. Un groupe de rabatteurs m'entourent mais je dégaine l'arme fatale en disant que j'ai déjà réservé. D'ailleurs, quelqu'un s'approche de moi, je grimpe à l'arrière de sa moto et nous partons pour son campement de bungalows à quelques encablures de l'entrée du parc. Nous quittons la route principale pour des chemins de terre et un vague sentiment de liberté. L'après-midi est fortement avancé, et le crépuscule pointe son nez. La balade prévue pour l'après-midi est annulée et j'enchaine directement avec le diner. Escalope végétarienne. Spécialité africaine. L'obscurité recouvre le camp et annonce une nuit reposante.
Au matin suivant, après un petit déjeuner rapidement avalé, j'enfourche la moto pour me rendre sur les rives d'une petite rivière qui coule dans le parc. Le gondolier installe deux chaises de bois à l'avant de sa longue barque puis repousse la berge de sa rame. Nous descendons calmement les eaux de cette rivière en observant les myriades d'oiseaux qui volètent et jacassent dans les airs. dans les eaux, des crocodiles taciturnes et des gavials aux dents mal ajustées nous dédaignent et continuent leur longue sieste. Ces premiers hectomètres m'enivrent. De superbes martins-pecheurs au poitrail bleu furètent du haut des branches. La gondole népalaise nous dépose sur un bout de prairie marécageux tandis que les arbres de l'autre rive se reflètent et saluent notre arrivée.
Nous troquons les chaises de bois contre une paire de jumelle que le guide porte en bandoulière et partons à la rencontre des animaux de la forêt. Nous jonglons sur les mottes de terre et finissons quelquefois le pied trempé dans une touffe spongieuse. Un peu plus loin dans le sous-bois, la surface d'un lac éphémère rend hommage aux arbres noueux de ses rives. Un reflet surnaturel nous projette dans un conte de fée. Le guide épie chaque mouvement et chaque bruit suspect à l'arrière des buissons. Nous dérangeons quelques cerfs qui s'enfuient. Les craquements de nos pas ne font pas partie de leur éventail de sons connus et acceptés.
Notre boucle se termine au centre d'élevage des éléphants. Plusieurs spécimens, jeunes et moins jeunes, honteusement attachés à un pieu, traînent leur imposante carcasse tapissée d'une épaisse peau grise. Rien de plus qu'un mini-zoo. Nous traversons la rivière et retournons au campement pour déjeuner.
Notre jeep fait le tour des campements pour récupérer quelques touristes et roulent en lisière du parc en ce début d'après-midi. En compagnie de 2 japonais, je partage le dôme carré harnaché sur l'échine d'un éléphant. Le cornac saisit une de ses oreilles, appuie ses pieds sur sa trompe et grimpe sur le cou de l'éléphant. Il pose ses pieds à l'arrière de ses grandes oreilles et communique de cette façon avec le quadrupède. Sa démarche dégingandé nous secoue dans tous les sens mais je n'échangerai pas ma place contre le plus confortable des fauteuils. A nous le safari à dos d'éléphant ! Je m'étonne de l'obéissance du pachyderme. Il répond aux ordres du cornac, "tourne à droite", "à gauche", "accélère", "arrête-toi" et tout ça, rien qu'avec les pieds en appui sur les oreilles. Lorsqu'une branche ou un arbrisseau entrave le chemin, le cornac lance un ordre, la trompe s'élève, attrape la branche gênante et l'arrache avec une étonnante facilité. Mais le pachyderme a également ses sautes d'humeur et un baton est là pour rappeler le patron de la balade. Un coup sec sur le lobe frontal décharge un bruit sourd qu'on entend résonner et se propager le long des os de la boite crânienne du puissant animal.
Les hautes herbes dépassent les 3 mètres et l'éléphant avance invariablement. Nos yeux recherchent la présence animale. Et malgré le bruit élevé produit par l'éléphant pendant sa marche, les animaux se laissent approcher. Les petits humains perchés sur son dos sont oubliés et nous prenons part au royaume animal. De beaux cerfs s'alimentent et des paons mâles cherchent à conquérir la belle. Nous ne verrons pas les féroces tigres du Bengale qui ornent pourtant chaque carton publicitaire du parc du Chitwan. Leur population dangereusement basse craint les contrebandiers qui font fortune en les revendant au voisin chinois. Les organes du tigre entrent dans la composition de médicaments soi-disant miracles de leur médecine traditionnelle.
Sur le chemin du retour, mes yeux captent au loin une silhouette qui m'est familière. Familière depuis mon plus jeune âge quand je feuilletais des livres sur les animaux. Un superbe quadrupède cuirassé rehaussé d'une corne sur son museau. Notre safari atteint son apogée. Comme des gosses, et désolés de troubler sa sérenité, nous admirons ce superbe rhinocéros. Il s'abreuve simplement dans une petite marre et ce moment anodin et journalier se transforme en un instant magique et exceptionnel pour moi. Et longtemps je parlerai de ce rhino que j'admire du haut de cet éléphant quelque part aux confins du Népal.
Commentaires
j'aurais adoré te voir à dos d'éléphant poursuivant le rhinocéros, mais te voir en photo seulement, ça me suffit ... pas que je n'ai pas envie de te voir mais je m'imagine mal au milieu des rhinocéros dans ces grands espaces
ça me perturbe rien que d'y penser 
gros bisous
Bonjour le fiston du sud
Que dire sur toutes ces belles photos. Il nous manque juste les bruits et les odeurs. Je comprends Chocho qui déprime, on aimerait évidemment être avec toi, faire partie de l'aventure, car tu as l'air vraiment de bien te régaler.
Profites-en bien, même si tu commences un tantinet à nous manquer.
Je vois, par le biais des commentaires, que ton frérot parisien suit ton périple assidûment (avec sûrement une petite pointe de jalousie et de nostalgie). Il doit se languir de son futur départ qui vous réunira.
Grosses bises.
Je pense très fort à vous.
pour Armelle, plus qu'un mois mais quel mois. On vient d'arriver en Inde, dans un autre monde... Demain on quitte Delhi.
pour Papa, apres avoir passe 2 jours a Delhi, on est content de partir pour le nord-ouest. A la recherche d'un peu de fraicheur et d'un peu de calme. On va essayer de faire quelques activites sportives la-haut avant de descendre vers le Rajasthan puis le Gujarat. Nous n'avons pas d'itineraire precis et on se laissera deriver au gre des rencontres et des envies. Bises a toute la famille. Je vois beaucoup de belles choses, je fais de belles rencontres, il n'empeche que vous me manquez beaucoup.
Nous voilà enfin reconnectés ! Internet est de retour à la maison
J’ai maudit le bougre de Free qui a malencontreusement utilisé notre ligne pour un autre internaute. La blague a quand même duré un mois…..
Mais tout est rentré dans l’ordre et nous pouvons à nouveau suivre le feuilleton de ton voyage.
Ce soir, nous avons tout repris depuis la Chine. Cela nous a permis, d’une part, de nous replonger dans les souvenirs et de découvrir d’autre part, la suite de ton parcours depuis que nous nous sommes quités à Pékin.
Pour en revenir à la Chine, nous tenions à te dire que notre voyage a été un très beau périple et que nous regardons, classons, sélectionnons les photos (environ 3000) avec beaucoup d’émotion. Le plaisir de partager un morceau de route avec toi, a fait que le mot « Chine » sera longtemps gravé dans nos têtes comme un moment de pur bonheur. Nous voulions simplement te dire que nous sommes très fiers d’avoir participé à ce tour du monde, et nous voulions simplement te dire, enfin, que nous sommes vraiment très fiers… de toi.
Continue ta route avec toujours la même envie, la même motivation, va où le hasard t’entraîne… et reviens-nous vite de tes « ailleurs ». Nous t’embrassons tous très très fort.
Maman. Caillou and Co