paroles du bout du monde

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mardi 9 décembre 2008

la rivière de lave du volcan Pacaya


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A première vue, le nom du volcan Pacaya n'évoque pas grand chose et paraît insignifiant à côté des prestigieux Stromboli, Etna, Kilauea ou Krakatau. Malheureusement pour ces derniers, les lois sécuritaires des pays entravent le visiteur lambda de se rendre au chevet du magma en fusion. Certains crieront à l'inconscience mais avec le Pacaya, on peut s'approcher de la lave à s'en brûler la peau. L'excursion commence en minivan au départ d'Antigua jusqu'à l'entrée du parc. Nous descendons de la navette pour une petite randonnée qui traverse une forêt ouverte et débouche sur un point de vue où le cône sombre du mont Agua éventre l'horizon. L'herbe se raréfie et de gros grains volcaniques s'empilent sur le flanc d'accès au volcan. A l'instar d'une dune de sable, nos pieds sombrent, la montée se durcit et l'équilibre se met à chanceler. Nous suivons la coulée de la veille, encore chaude. Des filaments translucides prolongent la roche aux teintes brillantes et violacées. La chaleur monte, jusqu'à devenir insoutenable. La lave coule à quelques mètres. Un torrent magmatique sort du volcan et part mourir à ses pieds. En fonction du courant d'air, la chaleur atroce nous cuit le visage. Séance naturelle de sauna avant de rentrer dans l'atmosphère plus rafraîchissante d'Antigua.

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Une façade rouge brutalement remplacée par un pan jaune avant de virer au bleu pastel. Les rues d'Antigua ravivent les pensées ternies par les rues insipides de Guatemala city. Tout le centre historique d'Antigua a été inscrit au Patrimoine mondial de l'Unesco. Le découpage en blocs, typique des villes du nouveau monde, ne déroge pas mais les peintres ont donné la touche finale aux rues. Et le résultat aguiche, pousse à la consommation de parcourir un bloc de plus pour voir ce qui se passe à l'angle de la rue suivante. Une balade citadine revigorante.

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dimanche 2 novembre 2008

Quand le volcan Kilauea s'exprime

Je change d'île pour compléter le kaléidoscope de découvertes de l'archipel hawaïen. Je me rends sur la plus grande d'entre elles, l'île d'Hawaii. Pour éviter la confusion avec le nom de l'archipel ou de l'état, elle a été rebaptisée sans grande originalité, The Big Island. Cette terre émergée est un amalgame de superlatifs, de bizarreries géologiques et de plaisirs visuels. Penser que sur une île à peine plus grande que la Corse on peut rencontrer le volcan le plus actif du monde où sa lave se déverse dans l'océan depuis plus de 20 ans ayant agrandi la superficie de l'île de plus de 150 hectares et faisant de Big Island, la terre la plus jeune ; à cela, un autre volcan, le Mauna Loa, est la montagne la plus haute du monde si on tient compte de sa base blottie dans les profondeurs abyssales ; et pour compléter la liste, sur cette excroissance volcanique, on peut trouver 11 des 13 zones climatiques qui régissent la planète, le plus grand télescope du monde, des tortues qui se prélassent sur du sable noir ou encore une plage de sable vert sur laquelle on peut étendre sa serviette...
Je retrouve mon pote Cho et sa copine qui ont loué une Jeep Wrangler pour ces quelques jours. Sans attendre, on fonce vers le parc national des volcans pour témoigner des dégâts occasionnés par le volcan Kilauea, en éruption constante depuis le milieu des années 80. L'immense caldeira où des fumées fuient du ventre de la terre s'étend à quelques pas de l'entrée du parc. Aucune trace de végétation autour, tout est calciné. Ce n'est que dans un second plan que des fougères et arbrisseaux percent, çà et là, la croute volcanique. Nous empruntons la route qui descend vers la mer. Des milliers d'arbustes et de buissons s'entremêlent en un forêt compacte et impénétrable. Mais des coulées successives ont remodelé la géographie locale, telle une bougie gigantesque dont la paraffine anthracite aurait fondu sur le décor. Au bas de la vallée, la route s'estompe, la lave durcie a recouvert l'asphalte, on quitte la voiture pour marcher sur ce sol craquelant, une illusion de fin du monde où la terre a gagné la partie qui l'opposait à l'homme.

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Dans certains endroits, la lave a formé des tunnels qu'il est possible aujourd'hui de visiter. La marche d'approche se fond dans un décor irréel, des myriades de fougères arborescentes bordent le sentier. Il est à peine croyable de penser qu'à une centaine de mètres, trône une terre désolée et encore inapte à la vie.

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Nous nous rendons de l'autre côté du parc pour assister à la coulée actuelle qui fusionne avec l'océan en dégageant une fumée épaisse. Mais pour cela il faut contourner le volcan puisque la route côtière a été complètement dévastée par le rejet magmatique du Kilauea. En chemin, des zones encore protégées laissent entrevoir le type de végétation qui décorait la terre avant que la lave ensevelisse cette beauté éphémère.

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Avant de changer de décor, notre dernière rencontre avec le parc des volcans sera une marche dans une des caldeira, le Kilauea Iki trail. Une brochure explicative nous fait prendre conscience que sous ce sol à priori solide et stable, le cœur est encore chaud et qu'il y a 50 ans à peine, cette étendue plane et noirâtre bouillonnait en un lac de lave. les gens débarquaient de luxueux paquebots pour s'en délecter. Les scientifiques y ont vu une chance inouïe d'étudier la lave, la vitesse et la manière dont elle se solidifiait. On reste de longues minutes dans ce cratère, une dose de surnaturel pour une parenthèse extraordinaire dans ma vie de voyageur.

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vendredi 17 octobre 2008

Quelques frayeurs sur le volcan Yasur

D'un bout à l'autre de l'archipel des Vanuatu, je quitte les fonds marins d'Espiritu Santo pour me plonger dans les vapeurs fumantes du volcan Yasur sur l'île de Tanna. Un petit avion d'une vingtaine de places nous dépose sur l'aéroport miniature de Lenakel. Dans le hall d'accueil, un chauffeur de Jungle Oasis (un groupement de huttes en bois bâtis pour les touristes) tend un panneau avec le nom du campement. Je décharge mon sac à l'arrière du pick-up et on part pour l'intérieur de l'île. Une course d'environ 2 heures sur une route ravinée par les pluies régulières. La végétation abondante m'isole de toute vue. Nous passons une colline où la vue se dégage et replongeons dans les méandres de la forêt avant que la verdure s'arrête brusquement, repoussée par un sable grisâtre étrange constitué de minuscules particules de pierre ponce. Le volcan Yasur déploie ses griffes et marque son territoire à l'extérieur de son cratère. Un grondement rauque s'élève de l'épaisseur grise. Un cri d'une nature en colère qui signe les prémisses d'une rencontre avec un authentique volcan actif qui s'exprime en éjectant son venin de lave.
Une des activités singulières, sans doute unique au monde est la possibilité de surfer sur les cendres du volcan. Jungle Oasis possède un vieux snowboard de mauvaise qualité mais qui fera l'affaire pour l'occasion (j'apprendrai plus tard qu'il était possible de louer un meilleur snowboard au village voisin). La montée est harassante avec un œil rivé au ciel à chaque gloussement de la montagne. Chaque nouveau pas s'enfonce profondément dans les particules de cendre. Arrivé quasiment au sommet, je chausse la planche et fait face à la pente vertigineuse. Je trace mon empreinte sur le volcan. Une liberté totale entrecoupée de toussotements d'un autre monde qui me font sursauter à chaque nouvelle manifestation. Une expérience unique dans un décor unique.

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Mais, le gros de l'action aiguillonnée par une curiosité maladive me pousse vers l'origine de cette toux tellurienne. Depuis le campement, c'est une courte marche de 45 minutes sur un chemin emprunté par les 4x4. Je m'acquitte d'un droit de passage à la sortie du village et arpente ce sol couvert de cendres rocheuses. Les flancs riches de verdure accompagne ma montée lorsque le chemin s'évase sur un parking où plusieurs véhicules tout-terrain sont déjà arrivés. Une boîte aux lettres (la seule sur un volcan !) signale le début du sentier final marqué par les nombreux pas d'apprentis aventuriers avides de sensations pures. Les déflagrations apparaissent clairement lorsqu'une explosion plus forte que les autres propulsent des résidus incandescents haut dans le ciel. Mes yeux se lèvent, un feu d'artifice naturel illumine le firmament. L'instinct de survie de chaque convive présent sur cette terre inhospitalière jauge la dimension et la direction des projectiles de lave. Pas d'inquiétudes pour ce coups-ci, chaque pavé de magma retombe lourdement dans le cratère. Un bruit sourd et étouffé qui laisse un certain répit avant la prochaine explosion. Je m'assois et attends. Les grondements sont constants et les jaillissements épisodiques de roche en fusion ravissent les spectateurs. Avec cette pointe de crainte continue lorsque la bouche rougeoyante crache ses postillons de lave, chacun dresse son regard vers les particules les plus hautes et évalue leur danger potentiel lors de leur retombée.
Le lendemain je remonte sur le Yasur, le point de vue de la veille est enfumé et me positionne sur la droite du cratère. L'activité semble calme jusqu'à ce que l'ensemble des visiteurs d'un soir quitte les lieux. Je me retrouve seul. Nuit noire percée par l'éclat empourpré du foyer volcanique. Un sentiment bizarre m'occupe, mêlé de curiosité et de crainte. La raison aurait voulu que je redescende en même temps que les derniers touristes mais l'irrésistible envie de rester, d'écouter et de m'émerveiller à une explosion de plus, de vibrer à nouveau au rythme des vibrations de la terre. Mais, l'activité du volcan se renforce, l'intervalle entre deux manifestations se raccourcit et les obus incandescents voltigent toujours plus hauts. Mes palpitations cardiaques s'agitent bien au-delà du supportable, je me lève et déguerpis. Aroun Tazieff attendra pour trouver un remplaçant. Mais en y repensant, qu'est-ce que c'était excitant d'être assis seul, au bord de ce cratère.

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