paroles du bout du monde

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vendredi 17 octobre 2008

Quelques frayeurs sur le volcan Yasur

D'un bout à l'autre de l'archipel des Vanuatu, je quitte les fonds marins d'Espiritu Santo pour me plonger dans les vapeurs fumantes du volcan Yasur sur l'île de Tanna. Un petit avion d'une vingtaine de places nous dépose sur l'aéroport miniature de Lenakel. Dans le hall d'accueil, un chauffeur de Jungle Oasis (un groupement de huttes en bois bâtis pour les touristes) tend un panneau avec le nom du campement. Je décharge mon sac à l'arrière du pick-up et on part pour l'intérieur de l'île. Une course d'environ 2 heures sur une route ravinée par les pluies régulières. La végétation abondante m'isole de toute vue. Nous passons une colline où la vue se dégage et replongeons dans les méandres de la forêt avant que la verdure s'arrête brusquement, repoussée par un sable grisâtre étrange constitué de minuscules particules de pierre ponce. Le volcan Yasur déploie ses griffes et marque son territoire à l'extérieur de son cratère. Un grondement rauque s'élève de l'épaisseur grise. Un cri d'une nature en colère qui signe les prémisses d'une rencontre avec un authentique volcan actif qui s'exprime en éjectant son venin de lave.
Une des activités singulières, sans doute unique au monde est la possibilité de surfer sur les cendres du volcan. Jungle Oasis possède un vieux snowboard de mauvaise qualité mais qui fera l'affaire pour l'occasion (j'apprendrai plus tard qu'il était possible de louer un meilleur snowboard au village voisin). La montée est harassante avec un œil rivé au ciel à chaque gloussement de la montagne. Chaque nouveau pas s'enfonce profondément dans les particules de cendre. Arrivé quasiment au sommet, je chausse la planche et fait face à la pente vertigineuse. Je trace mon empreinte sur le volcan. Une liberté totale entrecoupée de toussotements d'un autre monde qui me font sursauter à chaque nouvelle manifestation. Une expérience unique dans un décor unique.

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Mais, le gros de l'action aiguillonnée par une curiosité maladive me pousse vers l'origine de cette toux tellurienne. Depuis le campement, c'est une courte marche de 45 minutes sur un chemin emprunté par les 4x4. Je m'acquitte d'un droit de passage à la sortie du village et arpente ce sol couvert de cendres rocheuses. Les flancs riches de verdure accompagne ma montée lorsque le chemin s'évase sur un parking où plusieurs véhicules tout-terrain sont déjà arrivés. Une boîte aux lettres (la seule sur un volcan !) signale le début du sentier final marqué par les nombreux pas d'apprentis aventuriers avides de sensations pures. Les déflagrations apparaissent clairement lorsqu'une explosion plus forte que les autres propulsent des résidus incandescents haut dans le ciel. Mes yeux se lèvent, un feu d'artifice naturel illumine le firmament. L'instinct de survie de chaque convive présent sur cette terre inhospitalière jauge la dimension et la direction des projectiles de lave. Pas d'inquiétudes pour ce coups-ci, chaque pavé de magma retombe lourdement dans le cratère. Un bruit sourd et étouffé qui laisse un certain répit avant la prochaine explosion. Je m'assois et attends. Les grondements sont constants et les jaillissements épisodiques de roche en fusion ravissent les spectateurs. Avec cette pointe de crainte continue lorsque la bouche rougeoyante crache ses postillons de lave, chacun dresse son regard vers les particules les plus hautes et évalue leur danger potentiel lors de leur retombée.
Le lendemain je remonte sur le Yasur, le point de vue de la veille est enfumé et me positionne sur la droite du cratère. L'activité semble calme jusqu'à ce que l'ensemble des visiteurs d'un soir quitte les lieux. Je me retrouve seul. Nuit noire percée par l'éclat empourpré du foyer volcanique. Un sentiment bizarre m'occupe, mêlé de curiosité et de crainte. La raison aurait voulu que je redescende en même temps que les derniers touristes mais l'irrésistible envie de rester, d'écouter et de m'émerveiller à une explosion de plus, de vibrer à nouveau au rythme des vibrations de la terre. Mais, l'activité du volcan se renforce, l'intervalle entre deux manifestations se raccourcit et les obus incandescents voltigent toujours plus hauts. Mes palpitations cardiaques s'agitent bien au-delà du supportable, je me lève et déguerpis. Aroun Tazieff attendra pour trouver un remplaçant. Mais en y repensant, qu'est-ce que c'était excitant d'être assis seul, au bord de ce cratère.

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dimanche 7 septembre 2008

L'île Langkawi sous la pluie


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Sur la côte ouest, à deux pas de la frontière thaïlandaise, le lieu de villégiature préféré des malaisiens et singapouriens se nomme Langkawi. Une île décrite comme paradisiaque.
La Malaisie a la particularité d'avoir deux périodes de mousson. Lorsque celle-ci s'arrête à l'ouest, elle se déporte sur la côte est. C'est avec regret que je ne ferai pas mentir les conditions climatiques qui sont identiques depuis des décennies voire des siècles et qui prédisent qu'en septembre, il pleut dans cette partie du monde ! Je ne verrai pas le soleil de mon court séjour sur l'île. Je ne peux malheureusement pas me rabattre sur les fonds marins car la visibilité est désastreuse. Ce constat sera la raison principale de mon départ précipité ; j'irai tenter ma chance sur les îles de la côte est.
Le lendemain de mon arrivée, je loue un scooter et entreprend le tour de l'île. Ses recoins sont vides de touristes et ses belles plages désespérément sombres. le soleil n'arrive définitivement pas à traverser cette épaisse couche de nuages inhospitalière. Je me faufile vers l'intérieur de l'île, son relief marqué est couvert d'une végétation abondante. Une télécabine me propulse au sommet d'un de ces pics pour apprécier les environs. Un peu plus loin, c'est une cascade qui trace son chemin au milieu de la colline. Ce tour en scooter me revigore. Malgré les couleurs ternes des paysages et de l'eau, j'approuve la sensation d'être libre sur une telle île et de me promener sur ces plages tel un naufragé. Alors, même pendant mousson, ça vaut le détour.

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dimanche 16 septembre 2007

Premiers pas à Delhi

Je quitte le Népal pour me lancer dans l'aventure indienne. Seulement 15 jours passés dans ce pays magique, mais le départ est déchirant. Vol de Kathmandou à Delhi. Un double sentiment m'habite à ma descente de l'avion. Une furieuse envie de découvrir ce pays-continent et une profonde réticence alimentées par les nombreux avis divergents que j'ai glanés jusqu'alors. L'Inde, on aime ou on n'aime pas mais on ne peut rester indifférent. J'en saurai plus dans un mois.
Religieusement et culturellement riche, le pays regorge de monuments grandioses, d'un peuple dynamique et accueillant dodelinant de la tête pour montrer leur accord et de paysages sublimes. "Incredible India" martèlent les panneaux touristiques. Je ne sais par où commencer ce voyage : suivre le Gange vers l'est pour atteindre la cité sacrée de Varanasi et prolonger peut-être vers Calcutta et le Sikkim ; gagner le nord pour un peu de fraîcheur au pied de l'Himalaya et plonger dans la ferveur bouddhiste de Dharamsala, lieu de retraite du dalaï lama ; croiser les joyaux du Rajasthan à l'ouest et rejoindre le Punjab, pays des sikhs ou, dériver vers le sud pour finir sur une plage paradisiaque près de Goa, l'ancien protectorat portugais.
Les fortes différences religieuses retiennent le regard. Les turbans des sikhs côtoient les djellabah musulmanes, les crânes rasés des moines bouddhistes et les tikkas hindous pendant que les jainistes époussètent un banc avant de s'asseoir. A ma descente du bus-navette venant de l'aéroport, la nuit est tombée, je rencontre un allemand qui me conduit à une sympathique guesthouse dans le quartier de Paharganj. En route, les premières images de pauvreté et de saleté. De nombreux mendiants, malades et handicapés jonchent les rues n'ayant d'autres endroits pour dormir. Des odeurs pestilentielles me retournent. Des rats fouillent les poubelles et les klaxons des rickshaws pressent le passage. L'allemand me raconte son voyage en Inde qui se termine quand j'ai hâte que mon pote canadien arrive car on ne sera pas trop de 2 pour se soutenir.
Plus de 2 ans qu'on ne s'est pas vu, et Alain partage cette envie et cette réticence de découvrir l'Inde. Nous partons découvrir le fort rouge que je visite en pointillé. Je n'ai pas digéré mon premier repas en Inde...

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Nous décidons de quitter Delhi par le train du matin pour Shimla dans la province de l'Himachal Pradesh, au nord-ouest. Un exil nécessaire. A la quête d'un peu de fraîcheur et de sérenité, d'une Inde plus rurale. Notre esprit n'est pas suffisamment bien préparé pour accepter les contrastes de Delhi malgré l'hospitalité et la gentillesse des indiens.