Quelques frayeurs sur le volcan Yasur
Par dorian le vendredi 17 octobre 2008, 08:27 - TDM2-Vanuatu - Lien permanent
D'un bout à l'autre de l'archipel des Vanuatu, je quitte les fonds marins d'Espiritu Santo pour me plonger dans les vapeurs fumantes du volcan Yasur sur l'île de Tanna. Un petit avion d'une vingtaine de places nous dépose sur l'aéroport miniature de Lenakel. Dans le hall d'accueil, un chauffeur de Jungle Oasis (un groupement de huttes en bois bâtis pour les touristes) tend un panneau avec le nom du campement. Je décharge mon sac à l'arrière du pick-up et on part pour l'intérieur de l'île. Une course d'environ 2 heures sur une route ravinée par les pluies régulières. La végétation abondante m'isole de toute vue. Nous passons une colline où la vue se dégage et replongeons dans les méandres de la forêt avant que la verdure s'arrête brusquement, repoussée par un sable grisâtre étrange constitué de minuscules particules de pierre ponce. Le volcan Yasur déploie ses griffes et marque son territoire à l'extérieur de son cratère. Un grondement rauque s'élève de l'épaisseur grise. Un cri d'une nature en colère qui signe les prémisses d'une rencontre avec un authentique volcan actif qui s'exprime en éjectant son venin de lave.
Une des activités singulières, sans doute unique au monde est la possibilité de surfer sur les cendres du volcan. Jungle Oasis possède un vieux snowboard de mauvaise qualité mais qui fera l'affaire pour l'occasion (j'apprendrai plus tard qu'il était possible de louer un meilleur snowboard au village voisin). La montée est harassante avec un œil rivé au ciel à chaque gloussement de la montagne. Chaque nouveau pas s'enfonce profondément dans les particules de cendre. Arrivé quasiment au sommet, je chausse la planche et fait face à la pente vertigineuse. Je trace mon empreinte sur le volcan. Une liberté totale entrecoupée de toussotements d'un autre monde qui me font sursauter à chaque nouvelle manifestation. Une expérience unique dans un décor unique.
Mais, le gros de l'action aiguillonnée par une curiosité maladive me pousse vers l'origine de cette toux tellurienne. Depuis le campement, c'est une courte marche de 45 minutes sur un chemin emprunté par les 4x4. Je m'acquitte d'un droit de passage à la sortie du village et arpente ce sol couvert de cendres rocheuses. Les flancs riches de verdure accompagne ma montée lorsque le chemin s'évase sur un parking où plusieurs véhicules tout-terrain sont déjà arrivés. Une boîte aux lettres (la seule sur un volcan !) signale le début du sentier final marqué par les nombreux pas d'apprentis aventuriers avides de sensations pures. Les déflagrations apparaissent clairement lorsqu'une explosion plus forte que les autres propulsent des résidus incandescents haut dans le ciel. Mes yeux se lèvent, un feu d'artifice naturel illumine le firmament. L'instinct de survie de chaque convive présent sur cette terre inhospitalière jauge la dimension et la direction des projectiles de lave. Pas d'inquiétudes pour ce coups-ci, chaque pavé de magma retombe lourdement dans le cratère. Un bruit sourd et étouffé qui laisse un certain répit avant la prochaine explosion. Je m'assois et attends. Les grondements sont constants et les jaillissements épisodiques de roche en fusion ravissent les spectateurs. Avec cette pointe de crainte continue lorsque la bouche rougeoyante crache ses postillons de lave, chacun dresse son regard vers les particules les plus hautes et évalue leur danger potentiel lors de leur retombée.
Le lendemain je remonte sur le Yasur, le point de vue de la veille est enfumé et me positionne sur la droite du cratère. L'activité semble calme jusqu'à ce que l'ensemble des visiteurs d'un soir quitte les lieux. Je me retrouve seul. Nuit noire percée par l'éclat empourpré du foyer volcanique. Un sentiment bizarre m'occupe, mêlé de curiosité et de crainte. La raison aurait voulu que je redescende en même temps que les derniers touristes mais l'irrésistible envie de rester, d'écouter et de m'émerveiller à une explosion de plus, de vibrer à nouveau au rythme des vibrations de la terre. Mais, l'activité du volcan se renforce, l'intervalle entre deux manifestations se raccourcit et les obus incandescents voltigent toujours plus hauts. Mes palpitations cardiaques s'agitent bien au-delà du supportable, je me lève et déguerpis. Aroun Tazieff attendra pour trouver un remplaçant. Mais en y repensant, qu'est-ce que c'était excitant d'être assis seul, au bord de ce cratère.
Commentaires
Bonjour, c'est Audreydelaséculacopsd'armellequiétaitchezemilypourlacrémaillière !
Olala t'as eu chaud aux miches près du volcan
Les photos sont magnifiques...Tu vis une expérience extra !
Coucou mon frérot,
Les photos et vidéos du volcan qui s'énerve me rappellent quelques frayeurs vécues sur le Stromboli.

Je comprends ce sentiment, mélange de peur et d'émerveillement. Qu'est qu'on ne donnerait pas pour rester quelques minutes de plus...mais qu'est qu'on est bien aussi un fois redescendu vers des terres plus calmes.
En tout cas c'est magnifique et une fois de plus j'ai envie de te dire l'éternel "qu'est ce que j'aurais bien aimé être avec toi !"
Pour revenir à des sujets plus terre à terre (c'est le cas de le dire), comment se vit à Hawaï cet évènement historique qu'est la victoire d'Obama ?
On peut dire que tu es au cœur de l'actualité !
Et le surf ? Ca se passe bien ?
Nous on attend impatiemment les photos...
Armelle décompte les jours avant de te rejoindre...On peut dire qu'elle est légèrement impatiente. En version traduite : elle en peut plus d'attendre et elle ne compte pas les week-end pour que le temps passe plus vite !
Sur ce, je vais te laisser là car le boulot m'appelle (eh oui je suis au boulot moi
!!). Je te rattraperai en chemin à ma prochaine connexion.
Je te fais de très gros bisous.
Bises de Jo.
Ta p'tite sœurette.
Quel grand jour ! c'est vrai qu'aujourd'hui tout le monde est un peu américain et tout le monde a envie de dire "yes we can" et dire que toi tu es à Hawaï !! Peut-être as-tu participé à la liesse populaire ?
En tous les cas on espère que tu vas bien et que tu profites de tes derniers jours au pays du surf en attendant d'aller trainer tes Merrell au pays de Zapata...
On te fait plein de gros bisous et on pense très fort à toi.
Maman Caillou
coucou Audrey, c'est vrai que j'ai sacrément eu chaud aux fesses, mais c'est excitant de sentir le danger de si près ! A Hawaï, la vie n'est pas de tout repos non plus, entre les pentes glissantes sur le Kalalau trail, les risques d'être dévoré par requin pendant que j'essaye de tenir debout sur une planche de surf ou les coulées de lave du Pu'u O'o qui se solidifie dans sa rencontre avec l'océan... Que d'émotions... A mon retour, j'aurai le temps de raconter tout ça de vive voix. A bientôt.
coucou Maman et Caillou, comme je vous l'ai dit, j'ai trouvé mon paradis, pas vraiment sur l'île d'Oahu mais sur les îles de Kauai, un véritable sanctuaire pour les randonnées et sur Big Island qui regroupe tout ce qu'on peut espérer trouver en voyage au niveau émotionnel : en moins d'une semaine, on peut observer les étoiles sur le Mauna Kea, contempler des tortues qui se reposent sur une plage de sable noir, s'émerveiller devant les coulées de lave qui entre dans l'océan, se prélasser sur une plage de sable vert ou encore plongée de nuit avec des raies mantas... Mais j'expliquerai tout ça - avec des photos - dans mes prochains billets. Bises à tous
coucou petit soeur et le grand surfeur (ami intime de Kelly Slater), Je crois que vous avez choisi la bonne destination pour votre lune de miel. J'aurai plein d'infos à vous faire partager dès mon retour. Pour ce qui est du vote d'Obama, je n'étais pas Honolulu pendant le vote, donc je n'ai vu aucune scène de liesse. En fait, j'ai demandé à un touriste californien le résultat du vote et m'a répondu qu'il était super heureux qu'Obama l'ait emporté. Il m'a même glissé qu'il espérait ainsi que les relations franco-américaines se réchaufferait. Je me suis empressé de lui répondre qu'avec Sarkozy, il n'y avait pas de doute là-dessus. Restez connecté dans les prochains jours car les photos que je vais mettre en ligne (surtout Kauai et Big Island) risquent de vous donner envie de découvrir ce bout de terre du Pacifique plus vite que prévu.
Coucou les amoureux,
On espère qu'armelle a fait un bon voyage et n'a pas trop eu peur à l'aéroport en ne voyant pas Dorian arriver. On pense à vous, profitez de vos retrouvailles et visitez ce beau pays qu'est le mexique.
Dorian, voir ton site est une chose fabuleuse, tu découvres des pays et tu vois des paysages magnifiques, grandioses et surtout ce qui est super c'est que tu fasses profiter tout le monde des nombreux spectacles que tu découvres.
On vous embrasse bien fort tous les 5, Flo, moi même, Coraline, Thibault et Raphaël. A bientôt
Coucou Bruno, Flo, Raph, Coco et Thibault, ça y est, j'ai retrouvé Armelle et je lui ai fait une frayeur dès son arrivée. Je me suis perdu dans Cancun et j'avais une demi-heure de retard à l'aéroport. Un sourire et tout est oublié. Le Mexique est un beau pays entre sites mayas, gens sympas, eau turquoise et fajitas