paroles du bout du monde

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Keyword - merveilles du monde -

Fil des billets

vendredi 7 décembre 2007

Quand l'eau rencontre le vide à Iguazu

20 heures de bus, on s'occupe comme on peut, on dort beaucoup, on discute, on regarde passivement les films inintéressants diffusés sur les écrans du car et on compte les heures. J'arrive finalement le lendemain matin à Puerto Iguazu, petit village qui doit sa prospérité à la proximité des chutes éponymes. Je loge dans un des hôtels du réseau Hostelling International. Je dépose mon sac et m'inscrit à la soirée grillades et buffet à volonté. Soirée animée autour de la piscine et caipirinha à flot, les heures de bus sont bien loin. Un moment de détente avant de vivre de pures émotions, demain matin. Cette découverte des chutes, je la ferai en compagnie de Philipp (allemand) et Maria (canadienne).
A 8 heures, nous prenons le bus collectif "El Practico" et une demi-heure plus tard nous pénétrons dans le parc après nous être acquittés du droit d'entrée. La plupart des touristes choisissent le petit train pour se rendre à la garganta del diablo (la gorge du diable) mais nous préférons la sérénité matinale de la terre rouge du sentier et de sa forêt dense qui la longe. Notre choix sera récompensé par 2 toucans qui peu enclin à faire notre connaissance s'envolent en traînant leur long bec orange dans les airs. Sur le sentier, d'énormes fourmis se déplacent frénétiquement. A se demander si ce genre de fourmis doit encore être classé dans l'ordre des insectes quand leur corps dépasse les 2 centimètres de long ! Des lézards géants se tortillent dans les fourrés et croisent de temps à autre la voie ferrée.


IMG_1146.JPG
IMG_1216.JPG
IMG_1224.JPG
IMG_1234.JPG
IMG_1242.JPG
Nous quittons finalement le sentier de terre pour un ponton d'un kilomètre qui se faufile vers les chutes. Nos pas se rapprochent et le bruit s'amplifie. Le ponton meurt sur une plate-forme circulaire, un vrombissement en guise de fond sonore. L'eau sereine en amont de la rivière s'affole et se projette soudainement dans le gouffre. Furie incontrôlable de mètres cubes d'eau qui disparaissent dans l'antre. Un nuage de vapeur d'eau cache le fond et confère aux chutes une sensation d'infini. L'eau se jette dans le vide, un rugissement aquatique s'évapore du brouillard. Oreilles et yeux se déconnectent pour emmagasiner la colère de la nature, cette beauté brute qui nous scotche à la rambarde. Ou comment un décor apocalyptique nous prend aux tripes, nous submergent d'émotions indescriptibles. Et dans tout ça, il faut se dire qu'il y aura inévitablement une fin car de cette passion soudaine née sur une plate-forme métallique, il faut malheureusement se décoller et partir. Au fur et à mesure où l'on s'éloigne, on ressent le manque, ce besoin de revenir en arrière pour se réinjecter une dose mais la journée est encore longue et le parc nous réserve encore de belles surprises.


IMG_1152.JPG
IMG_1160.JPG
IMG_1164.JPG
IMG_1175.JPG
IMG_1188.JPG
IMG_1189.JPG
IMG_1193.JPG
IMG_1204.JPG
IMG_1206.JPG
Le sentier de découverte des cataractes est un jeu de cache-cache avec l'eau et la nature. On passe d'une vue d'ensemble des chutes à une vue macroscopique, d'une vue aérienne à une vue en contre-plongée. Nous apercevons des coatis qui jouent dans les branchages. On traîne les pieds pour allonger un peu le temps du tracé. On ne se lasse définitivement pas de cette eau en perdition. Le film est une boucle perpétuelle de molécules d'eau en mouvement captées par l'attraction terrestre. Et même si on connaît le scénario simple et tragique racontant la vie de ces gouttes d'eau agglutinées, on reste des spectateurs fidèles, accoudés à la balustrade.

IMG_1249.JPG
IMG_1250.JPG
IMG_1260.JPG
IMG_1265.JPG
IMG_1269.JPG
IMG_1272.JPG
IMG_1279.JPG
IMG_1296.JPG
IMG_1297.JPG
IMG_1304.JPG
IMG_1314.JPG
IMG_1320.JPG
IMG_1322.JPG
IMG_1324.JPG
En fin de journée, nous faisons une balade sur un sentier reculé du parc. Le parcours est silencieux et se termine sur une cascade, une de plus. Au bas de la cascade, un petit lac. Baignade obligatoire pour tout le monde.

IMG_1332.JPG
IMG_1338.JPG
IMG_1348.JPG
IMG_1354.JPG
On n'en a pas fini avec les chutes ou on ne veut pas en finir. Le lendemain, une navette quitte l'hôtel pour se rendre du côté brésilien. On forme un superbe groupe international et le courant passe bien entre chacun des membres du minibus. Le trajet dure 30 minutes, formalités de douane comprises puisqu'aucun visa n'est nécessaire pour entrer au Brésil. Le portuguais remplace l'espagnol sur les écriteaux en bordure de route. A l'entrée du parc, un bus fait la navette jusqu'au sentier piétonnier où la fine équipe descend.
La vue des chutes du côté brésilien est en fait complémentaire de notre visite d'hier. La balade offre une vue panoramique à couper le souffle. L'eau fuit par tous les côtés de la falaise. D'une seule rivière, l'eau se divise en multiples bras qui comme une plante parasite rampe et envahit la roche puis la submerge. A l'instar du côté argentin, une passerelle étend la visite à proximité des chutes. Symphonie assourdissante de cette eau qui tombe, nous sommes trempés par les embruns. Nous retournons lentement sur le sentier pour finir par un ascenseur qui donne une perspective encore plus aérienne des chutes. Derniers moments d'une découverte magique qu'on apprécie jusqu'à la dernière goutte.

IMG_1355.JPG
IMG_1358.JPG
IMG_1380.JPG
IMG_1382.JPG
IMG_1387.JPG
IMG_1389.JPG
IMG_1395.JPG
IMG_1397.JPG
IMG_1398.JPG
IMG_1404.JPG
IMG_1411.JPG
IMG_1413.JPG
IMG_1416.JPG

dimanche 4 novembre 2007

Dans un autre monde à Rotorua

Dans la vie de voyageur, les étapes de transition sont nombreuses, quelques moments de doute sont vite chassés par des moments d'émotions intenses qui nous rappellent à quel point nous sommes privilégiés d'être là. Je ne m'étais jamais posé la question de savoir qu'elle était la sensation de marcher dans un autre monde. Je le sais désormais.
Notre premier contact avec cette autre planète passe par Te Puia. Un des 5 endroits dans le monde où il est possible de voir des geysers naturels (les autres sont en Islande, au Kamtchaka (Russie), au parc Yosemite (Etats-Unis) et à El Tatio (Chili)). Le plateau de calcaire est boursouflé de 2 protubérances. Des cheminées par lesquelles la pression souterraine peut se détendre. Mais quelquefois, comme c'est le cas ici, l'expulsion des gaz s'accompagne d'un jaillissement d'eau. Le geyser principal d'une dizaine de mètres de hauteur captent tous les regards et s'entourent de vapeur d'eau. Une merveille naturelle qui sourd du sol à intervalle régulier.

IMG_8239.JPG
IMG_8244.JPG
IMG_8356.JPG
IMG_8249.JPG
IMG_8252.JPG
IMG_8254.JPG
IMG_8277.JPG
IMG_8293.JPG
IMG_8345.JPG
IMG_8305.JPG
IMG_8342.JPG
IMG_8337.JPG
Le lendemain nous nous dirigeons vers la merveille thermale de Wai-o-Tapu. Un bref arrêt au geyser qui se déclenche tous les jours à 10h15 précise. Comment est-ce possible ? En fait le geyser n'a pas un déclenchement naturel et l'employé du centre plonge des cristaux de soude dans la cheminée et amorce le geyser. Tout le monde est sagement assis et regarde le spectacle, ébahi.

IMG_8372.JPG
IMG_8371.JPG
IMG_8370.JPG
IMG_8377.JPG
IMG_8390.JPG
IMG_8396.JPG
Nous retournons au parc de Wai-o-Tapu. Le mélange d'une importante activité thermique souterraine et d'une action acide soutenue donne a cette partie du globe une ambiance surnaturelle. Des émanations gazeuses qui campent le décor de science-fiction d'une planète lointaine. Les entrailles de la terre crachent leur venin, comme un avertissement. Et malgré l'hostilité des différentes blessures purulentes de la terre, cette nature-là est étrangement belle. Les couleurs se marient à merveille, les sonorités gutturales des bouches de silice sont diaboliquement attirantes et les évaporations fumantes enveloppent en douceur la moindre âme qui s'en approche.
Nous voici dans cet autre monde dangereusement séduisant qu'on gobe par tous nos sens. Ce genre de monde d'où on ne veut pas ou plus partir. Intoxiqués et finalement heureux de l'être.
Pour comprendre la profusion de couleurs qui émanent de la terre, un lexique donne la relation entre la couleur et l'élément chimique. Ainsi le jaune correspond au soufre, l'orange signale des traces d'antimoine, le blanc s'apparente à de la silice, le rouge-brun est réservé à l'oxyde de fer, le noir témoigne de la présence de graphite ou d'un mélange soufre/carbone, le violet symbolise le manganèse et le vert clair nous indique une composition à base d'arsenic, et plus c'est vert, plus il y a d'arsenic !
A l'énumération de l'ensemble de ces éléments chimiques, on comprend que la zone de Wai-o-Tapu concentre une activité géothermique particulière et inhospitalière. Ici, les différents stands se nomment la maison du diable, la grotte à souffre, le cratère du tonnerre, le bain du diable ou encore le cratère de l'enfer.
Certaines grottes laissent échapper un liquide noirâtre, sur le sol de petites flaques de soufre sont en ébullition, la piscine de champagne au liseré orange rejette un gros nuage de vapeur qui selon le vent vous entoure et vous laisse perplexe sur les résidus respirés.
Mais assez parlé, place au feu d'artifice de couleurs et de fumerolles. Délectez-vous des paysages surnaturels de Wai-o-Tapu.

IMG_8414.JPG
IMG_8413.JPG
IMG_8419.JPG
IMG_8424.JPG
IMG_8425.JPG
IMG_8428.JPG
IMG_8432.JPG
IMG_8476.JPG
IMG_8481.JPG
IMG_8494.JPG
IMG_8497.JPG
IMG_8500.JPG
IMG_8501.JPG
IMG_8506.JPG
IMG_8521.JPG
IMG_8522.JPG
IMG_8523.JPG
IMG_8533.JPG
IMG_8543.JPG
IMG_8548.JPG
IMG_8554.JPG
IMG_8555.JPG
IMG_8562.JPG
IMG_8566.JPG
IMG_8573.JPG
IMG_8580.JPG
IMG_8584.JPG
IMG_8587.JPG
IMG_8597.JPG
IMG_8638.JPG
IMG_8644.JPG
IMG_8649.JPG
IMG_8655.JPG

Le clou du spectacle : la piscine à champagne

IMG_8437.JPG
IMG_8441.JPG
IMG_8447.JPG
IMG_8449.JPG
IMG_8457.JPG
IMG_8472.JPG
IMG_8606.JPG
IMG_8609.JPG
IMG_8617.JPG
IMG_8627.JPG
IMG_8632.JPG
IMG_8666.JPG
IMG_8667.JPG
IMG_8670.JPG
IMG_8686.JPG
IMG_8691.JPG
IMG_8697.JPG
IMG_8702.JPG
IMG_8705.JPG
IMG_8706.JPG
IMG_8709.JPG
IMG_8710.JPG
IMG_8712.JPG

lundi 15 octobre 2007

Impressions soleil levant sur le Taj Mahal

Le réveil du Taj Mahal appartient à ceux qui se lèvent tôt. On traverse une entrée gigantesque et la silhouette du mausolée se dévoile aux premières lueurs de l'aube. Un long bassin chatoyant s'étire jusqu'au tombeau blanc.
Fascinant assemblage de pierres et de blocs de marbre qui m'hypnotise un peu plus à chaque nouveau pas.
Folle construction d'un roi fou, fou amoureux de sa femme.
Symbole de l'amour absolu et de la démence qui peut agiter le coeur d'un homme inconsolable.
Les jardins et bassins rectangulaires contrastent avec les courbes ondoyantes des domes. Overdose d'harmonie dans ce complexe à la symétrie parfaite où la mort n'a aucunement entâché un amour éternel.
L'histoire est cruelle et un destin tragique attendra le constructeur du mausolée blanc. Roi déchu, Shah Jahan finira emprisonné avec dans sa cellule une petite lucarne comme unique compagnon. Une simple fenêtre d'où, ironie du sort, il pouvait contempler la construction de sa vie dédiée à son épouse défunte.
Beaucoup de constructions humaines impressionnent par leurs proportions démentes, leurs tailles défiant les lois de la physique mais bien peu font soulever le coeur et vibrer au plus profond de soi. Le Taj Mahal appartient à ce monde-là. On peut en faire le tour plusieurs fois et rien n'apaisera le feu intérieur et le tourbillon de sensations qui vous submergent. Je m'assois pour rassembler mes émotions. Le mausolée envoûte ses pensionnaires d'une aura bienveillante, érode les esprits les plus vifs et réveille les coeurs les plus doux.
Je marche une dernière fois autour du mausolée blanc, désorienté par ces mêmes sentiments qui m'ont envahi plusieurs heures plus tôt ; dès les premières secondes où j'ai pénétré dans l'enceinte du Taj Mahal. Je repars avec l'illusion d'avoir vécu un rêve. Un rêve où je parcourais un chemin pavé de marbre blanc. Un rêve où je m'arrêtai pour m'adosser à l'abri d'une alcôve sur un palais doux comme la soie.

IMG_6542.JPG
IMG_6547.JPG
IMG_6552.JPG
IMG_6554.JPG
IMG_6559.JPG
IMG_6565.JPG
IMG_6570.JPG
IMG_6573.JPG
IMG_6576.JPG
IMG_6582.JPG
IMG_6583.JPG
IMG_6588.JPG
IMG_6593.JPG
IMG_6596.JPG
IMG_6597.JPG
IMG_6601.JPG
IMG_6604.JPG
IMG_6613.JPG
IMG_6620.JPG
IMG_6626.JPG
IMG_6630.JPG
IMG_6649.JPG
IMG_6651.JPG
IMG_6660.JPG
IMG_6667.JPG
IMG_6681.JPG
IMG_6685.JPG
IMG_6698.JPG
IMG_6701.JPG
IMG_6717.JPG
IMG_6724.JPG
IMG_6727.JPG
Sur ces images angéliques à la blancheur éclatante, se termine notre périple indien. On a simplement picoré quelques miettes de ce pays regorgeant de culture et de vie. Bien malhonnête est celui qui en un mois se vante d'avoir visité l'Inde. Cette courte parenthèse a ouvert une brêche dans nos esprits, une fissure qu'il faudra combler en revenant. Pour découvrir d'autres facettes, d'autres paysages et d'autres gens du sous-continent indien. Et surtout pour vivre de nouvelles aventures que seul l'Inde peut offrir.

- page 6 de 8 -