On continue un rêve. Un rêve qu'on vit les yeux ouverts. La magie du voyage opère. Une vallée chasse l'autre et en douceur la jeep passe de la vallée de Kinnaur à la vallée de Spiti. La végétation s'est évanouie, la lumière caresse la roche et se tamise sur la terre couleur sable. Une couleur uniforme, des espaces gigantesques, des montagnes comme des titans, seuls propriétaires de ce recoin du monde.

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Près de la rivière, quelques âmes se sont regroupées dans le village de Tabo où nous passons la nuit après avoir visité le vieux temple bouddhiste. En fin d'après-midi, une coupure d'électricité nous prive d'un évènement symbolique : la finale du championnat du monde de cricket entre 2 nations jadis réunies, l'Inde et le Pakistan.

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Le lendemain, nous reprenons la route le long de ces pentes de couleur uniforme qui procure un bien-être profond. Quelques arbres ont tenté de grandir près du cours d'eau mais les feuilles jaunissantes, comme un cri d'alarme, témoignent de la difficulté d'adaptation dans les interstices hostiles de la roche.

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L'attraction principale de la journée est un monastère bâti sur les éperons rocheux d'une colline. De lacets en épingles à cheveux, chaque virage nous fait gagner quelques mètres sur la montagne et la route devient de plus en plus aérienne. La vue se dégage et dévoile quelques habitations de pierres blanches dans la paroi convexe de la colline. La crête déchiquetée sous fond de ciel bleu a été domptée par le monastère. Accès périlleux par des escalier pavés aux marches inégales. On baisse les yeux et l'impression extatique de dominer la large vallée dans laquelle l'expression capricieuse de la rivière se manifeste par de nombreuses ramifications qui partent et convergent à nouveau. On lève la tête et près du ciel, la silhouette enneigée de montagnes pas suffisamment hautes pour passer à la postérité.

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C'est non loin de quelques-uns de ces monts saupoudrés que nous passons la nuit. La peinture jaune gondolée du panneau de bienvenue affiche 225 âmes à l'entrée du petit village de Mudh. Une tache blanchâtre sur les pentes douces de la vallée.
Une vue haletante.
Des fourmis dans les jambes, je pars fouler cette terre. Plus j'avance et plus l'amplitude du décor s'exprime. Tranquille et insouciant, je rôde jusqu'au crépuscule.

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Direction Kaza, un gros village au carrefour de la vallée de Spiti, du monastère perché de Ky et du plus haut village du monde, le village de Kyber à 4200m d'altitude. Cette route inconnue est un trait d'union entre un ensemble de sensations enivrantes qui emplissent nos esprits.
Depuis Kyber, nous redescendons à pied vers le monastère de Ky. Nos pas attachés au bout d'asphalte, nos yeux s'égarent, scrutent, observent. Nous nous délectons de cette nature stérile merveilleusement belle. Harmonie de forme qui fuit dans l'amas de constructions érigées sur le sommet d'un talus qui sonne la fin de notre balade.

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Nous quittons Kaza et la neige se fait de plus en plus pressante, jusqu'à devenir envahissante. La route monte en lacet jusqu'au col de Kunzum. Des drapeaux à prières rouge, blanc, bleu, vert et jaune tremblent frénétiquement. Un petit monument bouddhiste pour rappeler que nous sommes dans l'Himalaya. Les sommets d'un blanc immaculé nous le rappellent encore plus.

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La neige s'appauvrit et la verdure réapparait tandis que nous descendons vers Manali. Fin d'un beau détour à l'écart de l'agitation citadine indienne. Une parenthèse dans un autre monde que certains ont élu comme terre d'accueil.

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