Un dal bhat (plat traditionnel népalais) dans le ventre après cette palpitante descente en rafting, j'attends au bord de la route un bus qui se rend au parc national du Chitwan. On charge mon gros sac sur le toit du bus et celui-ci repart. Quelques heures plus tard, le bus me dépose au bord de la route, à la sortie de la ville de Narayanghat. Un groupe de rabatteurs m'entourent mais je dégaine l'arme fatale en disant que j'ai déjà réservé. D'ailleurs, quelqu'un s'approche de moi, je grimpe à l'arrière de sa moto et nous partons pour son campement de bungalows à quelques encablures de l'entrée du parc. Nous quittons la route principale pour des chemins de terre et un vague sentiment de liberté. L'après-midi est fortement avancé, et le crépuscule pointe son nez. La balade prévue pour l'après-midi est annulée et j'enchaine directement avec le diner. Escalope végétarienne. Spécialité africaine. L'obscurité recouvre le camp et annonce une nuit reposante.
Au matin suivant, après un petit déjeuner rapidement avalé, j'enfourche la moto pour me rendre sur les rives d'une petite rivière qui coule dans le parc. Le gondolier installe deux chaises de bois à l'avant de sa longue barque puis repousse la berge de sa rame. Nous descendons calmement les eaux de cette rivière en observant les myriades d'oiseaux qui volètent et jacassent dans les airs. dans les eaux, des crocodiles taciturnes et des gavials aux dents mal ajustées nous dédaignent et continuent leur longue sieste. Ces premiers hectomètres m'enivrent. De superbes martins-pecheurs au poitrail bleu furètent du haut des branches. La gondole népalaise nous dépose sur un bout de prairie marécageux tandis que les arbres de l'autre rive se reflètent et saluent notre arrivée.
Nous troquons les chaises de bois contre une paire de jumelle que le guide porte en bandoulière et partons à la rencontre des animaux de la forêt. Nous jonglons sur les mottes de terre et finissons quelquefois le pied trempé dans une touffe spongieuse. Un peu plus loin dans le sous-bois, la surface d'un lac éphémère rend hommage aux arbres noueux de ses rives. Un reflet surnaturel nous projette dans un conte de fée. Le guide épie chaque mouvement et chaque bruit suspect à l'arrière des buissons. Nous dérangeons quelques cerfs qui s'enfuient. Les craquements de nos pas ne font pas partie de leur éventail de sons connus et acceptés.
Notre boucle se termine au centre d'élevage des éléphants. Plusieurs spécimens, jeunes et moins jeunes, honteusement attachés à un pieu, traînent leur imposante carcasse tapissée d'une épaisse peau grise. Rien de plus qu'un mini-zoo. Nous traversons la rivière et retournons au campement pour déjeuner.
Notre jeep fait le tour des campements pour récupérer quelques touristes et roulent en lisière du parc en ce début d'après-midi. En compagnie de 2 japonais, je partage le dôme carré harnaché sur l'échine d'un éléphant. Le cornac saisit une de ses oreilles, appuie ses pieds sur sa trompe et grimpe sur le cou de l'éléphant. Il pose ses pieds à l'arrière de ses grandes oreilles et communique de cette façon avec le quadrupède. Sa démarche dégingandé nous secoue dans tous les sens mais je n'échangerai pas ma place contre le plus confortable des fauteuils. A nous le safari à dos d'éléphant ! Je m'étonne de l'obéissance du pachyderme. Il répond aux ordres du cornac, "tourne à droite", "à gauche", "accélère", "arrête-toi" et tout ça, rien qu'avec les pieds en appui sur les oreilles. Lorsqu'une branche ou un arbrisseau entrave le chemin, le cornac lance un ordre, la trompe s'élève, attrape la branche gênante et l'arrache avec une étonnante facilité. Mais le pachyderme a également ses sautes d'humeur et un baton est là pour rappeler le patron de la balade. Un coup sec sur le lobe frontal décharge un bruit sourd qu'on entend résonner et se propager le long des os de la boite crânienne du puissant animal.
Les hautes herbes dépassent les 3 mètres et l'éléphant avance invariablement. Nos yeux recherchent la présence animale. Et malgré le bruit élevé produit par l'éléphant pendant sa marche, les animaux se laissent approcher. Les petits humains perchés sur son dos sont oubliés et nous prenons part au royaume animal. De beaux cerfs s'alimentent et des paons mâles cherchent à conquérir la belle. Nous ne verrons pas les féroces tigres du Bengale qui ornent pourtant chaque carton publicitaire du parc du Chitwan. Leur population dangereusement basse craint les contrebandiers qui font fortune en les revendant au voisin chinois. Les organes du tigre entrent dans la composition de médicaments soi-disant miracles de leur médecine traditionnelle.
Sur le chemin du retour, mes yeux captent au loin une silhouette qui m'est familière. Familière depuis mon plus jeune âge quand je feuilletais des livres sur les animaux. Un superbe quadrupède cuirassé rehaussé d'une corne sur son museau. Notre safari atteint son apogée. Comme des gosses, et désolés de troubler sa sérenité, nous admirons ce superbe rhinocéros. Il s'abreuve simplement dans une petite marre et ce moment anodin et journalier se transforme en un instant magique et exceptionnel pour moi. Et longtemps je parlerai de ce rhino que j'admire du haut de cet éléphant quelque part aux confins du Népal.
Keyword - parcs nationaux -
lundi 3 septembre 2007
A la poursuite du rhinocéros à une corne
Par dorian le lundi 3 septembre 2007, 16:05 - TDM-Népal
vendredi 10 août 2007
Les colosses de pierre du Wulingyuan
Par dorian le vendredi 10 août 2007, 22:56 - TDM-Chine
Parfaitement inconnu des voyagistes occidentaux, le massif découpé du Wulingyuan est sans doute l'un des plus beaux de Chine. Personnellement, c'est mon préféré. C'est la joie au ventre que je reviens sur ces lieux avec ma petite famille.
Nous arrivons à Zhangjiajie-ville par le train de nuit et un agent de voyage local nous conduit à Zhangjiajie-village à une heure de là. Ce village est accollé à l'entrée sud du parc du Wulingyuan et reste le lieu idéal pour débuter la balade et se reposer après une journée dans le parc. Le ticket est valable 2 jours et afin d'éviter les trafics de cartes magnétiques, les bornes sont équipées de lecteurs d'empreintes digitales. Pas de quoi faire oublier le prix exorbitant du billet : 245 yuans (24,5 €) ! 8 € de plus qu'il y a 2 ans !
Nous passons les tourniquets et sur la gauche, des familles de singes attendent qu'on leur jette quelques sucreries.
200m après l'entrée, un plan représente les différents sentiers qui ornent le parc. Nous prenons sur la droite, traversons un pont et avançons sur le chemin pavé qui fuit dans la nature dense des lieux. Quelques jeux (courtes haies et champignons de pierre) agrémentent le parcours.
A l'approche du sommet, nos pas ralentissent puis s'arrètent sur un point de vue à couper le souffle. L'ascension dans les sous-bois ne laissait pas présager d'un telle splendeur tandis que nos yeux s'équarquillent face à cette merveille que nous lègue la nature. Les coudes appuyés sur la balustrade, nos yeux balayent la scène. Des colosses de pierre nous font face. Les dieux se détendent en disputant une partie sur cet échiquier géant. Ces obélisques naturelles hautes comme la tour Eiffel pour certaines, harmonieusement effilées et joliment coiffées d'une touffe de pins rivalisent de beauté.
Un halo de brume intensifie le mysticisme des lieux. Plusieurs points de vue ont été bâtis le long du chemin ; mais aucun d'entre eux n'apporte une explication rationnelle à ce champ de colonnes granitiques. De toute façon, notre esprit n'est plus capable d'analyser tant il est submergé par ce torrent de lumière et de splendeur que lui apportent nos yeux.
Plusieurs heures sont passées, les efforts de la montée sont complètement oubliés. Nous redescendons dans la vallée pour naviguer entre les tours. Des langues de forêts vertes s'accrochent aux contreforts des titans de pierre, tentent une vaine ascension de leurs parois abruptes et se heurtent à leur vertigineuse verticalité. Entre les colonnes, des fourmis voyageuses se meuvent. Nous évoluons dans ce champ de culture pétrifiée démesurément grand.
Les yeux scotchés au ciel, nous regagnons l'entrée du parc.
Le lendemain, nous retraversons le parc pour se rendre à un ascenseur fixé sur la paroi d'une des obélisques granitiques. Un dernier plein d'émotions avant de quitter le parc.
Le soir j'accompagne Armelle à l'aéroport. Elle a gagné ses galons d'apprentie baroudeuse. Le rythme était un peu soutenu mais j'ai été heureux de partager un bout de chemin ensemble. En plus, elle a suivi sans broncher. Quoique...
Un petit goût de la vie de saltimbanque que je mène depuis 2 mois.
vendredi 20 juillet 2007
sensations alpines sur les rives du lac Khövsgöl
Par dorian le vendredi 20 juillet 2007, 17:27 - TDM-Mongolie
Je passe un journée entière à Möron afin de me rétablir de cette longue marche dans la nature mongole. J'aterris par hasard dans un chaleureux endroit qui se nomme Bata's Guesthouse.
Dans cette capitale de province qui compte un peu plus de 35000 âmes, les habitations sont une succession de constructions chancelantes. Les villageois n'ont pas accès à l'eau courante et quelques points permettent de s'approvisionner. Ainsi, toute l'eau utilisée dans la guesthouse a été transportée par bidons. Et pour avoir l'eau chaude dans la douche, il faut demander au gérant afin qu'il allume un feu de bois pour chauffer le réservoir d'eau. Les prix sont particulièrement bas ici, puisqu'on dort pour moins de 3€ et que le repas à base de pâtes fait maison et de mouton coûte 1€.
Le village n'a aucun intérêt touristique si ce n'est être un point de départ pour le village de khatgal en bordure du lac Khövsgöl à 3h de jeep au nord. Certains en profitent pour organiser un voyage vers le lac blanc, patrie des Tsataans. Les tsataans sont une minorité ethnique nomade qui vit de l'élevage des rennes. Une autorisation spéciale est nécessaire pour les approcher et le nomadisme est le seul point commun qu'ils ont avec les mongols. Leur habitat ressemble à une tipi et tout au long de l'année, ils se déplacent à la recherche d'une herbe particulière pour leurs rennes. Cet animal leur fournit viande et peau et sert également d'animal de bât lors de leurs fréquents déplacements.
Je me contente de rester dans le village de Khatgal et de jouir des beautés alpines du lac. Beaucoup le comparent au lac Baïkal un peu plus au nord. Les eaux cristallines et les reflets chatoyants au lever du soleil attirent de nombreux touristes. Essentiellement des mongols d'Oulan Bator venus camper en famille sur les rives du lac.
L'écosystème est particulier à la région. Les nombreux sommets et collines qui l'entourent sont couverts de forêts de pins. Les paysages rappellent les Alpes en été. Je marche quelques heures sur la rive ouest du lac avant de grimper une des collines pour avoir une vue plongeante sur l'étendue d'eau. De nombreux troupeaux de yacks ont élu domicile aux abords du lac.
Le lendemain, je pars à cheval avec une guide sur l'autre rive du lac. Nous nous arrêtons dans plusieurs yourtes dont les résidents nous offre l'hospitalité traditionnelle. Je me régale de "Tarag" (yaourt fait maison). Quelques chanceux ont l'opportunité de faire le tour du lac en une quinzaine de jours à cheval, d'autres préfèreront le kayak.
Dans l'auberge, je rencontre un couple de bretons qui font partie d'une association d'amitié franco-mongole et par l'intermédiaire de cette association, les membres peuvent acheter une yourte fabriquée sur place et envoyée en container vers la France. Plusieurs options sont possibles, de l'ameublement à la superficie. Et pour 5000€, on peut vivre dans l'ambiance douillette mongole au fond de son jardin. Pour le site de l'association, je vous renvoie à cette adresse : www.avelnomad.org
Après avoir contemplé cette nature revigorante, je repars vers Möron avant de prendre l'avion pour Oulan Bator. La boucle mongole est bouclée. Après-demain, je prends le transmongolien pour vivre les tribulations d'un français en Chine. Une superbe page se tourne et le voyage continue.
« billets précédents - page 5 de 6 - billets suivants »
Derniers commentaires
par Ana et Nico
Plongée sur l'épave du Rainbow...
par les cailloux
sur les eaux du lac Atitlan
par alaindyvonne
sur les eaux du lac Atitlan
par dorian
la rivière de lave du volcan...
par dorian
un cité maya dans un écrin de...