Le dernier tronçon de mon expérience transsibérienne me conduit vers Pékin, la capitale grouillante d'un pays en ébullition. Le trajet dure une trentaine d'heures durant lequel je partage mon compartiment avec 3 irlandaises. Je passe beaucoup de temps avec un espagnol avec qui je sympathise et en trente heures, on a le temps de refaire le monde plusieurs fois. Il fait la douloureuse expérience de perdre l'ensemble de ses papiers : passeport, billets, carte bancaire et argent. Je tente de l'aider en baragouinant quelques mots en chinois. Le responsable du wagon-restaurant lui rapportera sa pochette quelques heures plus tard allégée de l'argent. Un grand "ouf" de soulagement et beaucoup d'ennuis évités.
La suite du voyage est rythmé par le passage de frontière mongol avant de s'arrêter plusieurs heures à la frontière chinoise. Le réseau ferré chinois n'a pas le même écartement que le réseau russo-mongol. Chaque wagon est détaché et soulevé à plusieurs mètres du sol par de puissants vérins. De nombreux chinois s'affairent au changement des boggies. Le train est reconstitué et nous nous arrêtons une petite heure dans la gare frontière.

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Nous traversons la Mongolie intérieure qui jouit politiquement d'une certaine autonomie à l'instar du Tibet. Le train fend de vastes steppes vertes avant de s'enfoncer dans une nature beaucoup plus hostile. Une succession de ponts et tunnels précède une nature plus douce aux abords de Pékin.
L'économie en effervescence est visible à tous les coins de rues. Ponts et routes en construction, béton armé des gratte-ciel surplombé d'immenses grues symbolisent l'éveil d'un géant. Dans certains quartiers, l'architecture est démesurée. Des hutongs (signifiant "ruelles" en chinois) disparaissent chaque jour, remplacés par de vilaines tours de verre balayant par la même un petit bout d'âme de Pékin qui s'était forgé au fil des siècles. Ces petites ruelles grouillantes de vie ne correspondent plus aux schémas des hautes sphères chinoises. Le néo-capitaliste chinois en costard-cravate écarte le papy accoudé à son rickshaw, disputant passionnément une partie de dames sur le coin d'une table.
Le parti communiste est le seul parti autorisé dans la "république populaire de Chine". Big brother des temps modernes, il a un oeil sur tout, de la censure dans les médias à l'étude des pensées de Mao dans les écoles, du contrôle de la culture au droit de regard voire d'ingérence dans les sociétés étrangères. Le parti est partout. Quelques exemples parmi tant d'autres : dans les librairies, il est possible de trouver les guides de voyages Lonely Planet pour tous les pays imaginables excepté celui de la Chine. Dans les journaux dont certains sont placardés sous vitrine pour le public, aucune trace de manifestations ou de contestations, sur Internet, certains sites sont inaccessibles, jugés néfastes.
Mais, en entrant dans l'OMC et en s'ouvrant au capitalisme, les prémisses d'un changement, d'une métamorphose voire d'une rupture sont en route, les Mac Donalds et KFC pullulent, le tourisme étranger est en croissance constante, la nébuleuse Internet reste difficile à canaliser et de nombreux jeunes chinois partent étudier à l'étranger découvrant une autre culture et une autre manière de penser.
La Chine prend aux tripes quand on y pose le pied. Je sors de la gare et je rentre dans un autre monde, des sinogrammes lumineux attirent le regard, une chaleur moite et lourde ne décourage pas la multitude de chinois qui déambulent dans les ruelles.

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Prononcer quelques mots en chinois ouvrent de nombreuses portes et éveillent les sourires. J'erre dans ces ruelles tortueuses avant de bifurquer vers une artère me conduisant sur une place chargée de symboles, la place Tiananmen, "la porte de la paix céleste". La plus grande place publique au monde est le refuge du mausolée de Mao.

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Au nord de la place, se dresse la cité interdite qui fut la résidence des empereurs des dynasties Ming et Qing. L'intérieur est grandiose et vaste, de nombreuses constructions aux toits recourbés s'éparpillent dans cet espace autrefois impénétrable.

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Au nord-ouest de la cité, le parc Beihai propose des balades en pédalos sur son lac artificiel ou à pied sur ses rives.

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La découverte continue vers le nord dans un quartier de hutongs. Une colonie de rickshaws offre leur service et la balade dans ce moyen de transport traditionnel vaut le coup d'oeil. Nous atterissons à la tour de la cloche abritant une cloche de 63t et la tour du tambour où un mini-concert de percussions est donné.

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La balade se termine par une retraite d'une petite heure au Yonghegong, la plus grande lamasserie de Pékin au nord-est de la cité interdite.

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Malgré la chaleur moite de Pékin, une multitude de parcs offre une bouffée d'air.

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Au sud de la place Tiananmen, le temple du ciel domine le parc Tiantan. Sa forme circulaire symbolise le ciel tandis que la terre est représentée par le mur carré qui l'entoure. A l'instar de la cité interdite, ce parc est un haut lieu touristique de Pékin.

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Chine quand tu nous tiens.