paroles du bout du monde

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TDM-Mongolie

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vendredi 6 juillet 2007

aventures dans la nature mongole (1ere partie)

Au petit matin je quitte Fairfield Guesthouse pour me rendre sur la place du marché qui est également le point de départ vers le lac blanc (Terhyin tsaagan nuur) à environ 150km à l'ouest. L'activité principale du marché est la vente de peaux et de laine de mouton. Au milieu de cette activité lucrative, j'aborde un mongol en lui disant "Tariat" (nom du village le plus proche du lac), ce dernier m'accompagne vers un chauffeur qui part pour cette destination mais qu'à 18h. Je fais finalement affaire avec le suivant qui part à 13h. Il n'est pas vraiment spécialisé dans le transport de personnes mais plutôt dans les déménagements , mais pour 10€ la course, Il me réserve sa meilleure place. On essaie d'engager la conversation et je lui fais part de mon souhait d'acheter un cheval. La nouvelle semble vite se répandre quand un mongol m'accoste et me tend un téléphone. A l'autre bout du fil, il s'agit de Tunga, seul professeur d'anglais de la province. Elle possède un camp de yourtes près du lac et peut m'aider à trouver un cheval. Voilà qui s'appelle avoir de la chance. Rendez-vous est pris le soir à Tariat.
Lorsque le minivan 4x4 est plein, on quitte Tsetserleg. L'allure est soutenue et les seuls arrêts sont mis à profit pour rajouter de l'eau dans le radiateur ou pour se recuellir près d'un arbre étrangement décoré. En respect des croyances chamanistes, on fait trois fois le tour de l'arbre, puis le temps est au partage d'une bouteille d'airag, lait de jument fermentée. Sans oublier l'offrande des dernières gouttes pour l'arbre sacré.

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En fin d'après-midi, après avoir livré les différents meubles, nous arrivons à Tariat. Tunga m'accueille chaleureusement et m'héberge pour la nuit. Son camp de yourtes qui se nomme white lake guesthouse se trouve à 12km du village et on ne s'y rendra que le lendemain matin.
Le lendemain matin, accompagnés de son mari et de sa fille nous partons pour le lac. Son mari est un mongol hors du commun puisque son antipathie n'a d'égal que l'absence d'expressions positives et joviales de son visage. Tunga fait l'interprète et sur le chemin nous abordons le sujet de l'achat du cheval. Son mari reste inflexible sur le prix qu'il a fixé à 400000 Tögrögs (260€), sachant que le prix moyen se situe entre 2000000 à 250000 T. il me vante les mérites de ces chevaux, à l'écouter, il élève les meilleurs chevaux de Mongolie, et chacun d'entre eux pourrait remporter le grand prix d'Amérique ! Arrivé au camp, j'en profite pour me plonger dans le livre d'Emile Brager "techniques du voyage à cheval" qui dispense de précieux conseils. Mais, il faut se rendre à l'évidence, ce n'est pas après quelques pages feuilletées qu'on peut se proclamer spécialiste chevalin. Je procède à quelques essais et rétorque que le prix est toujours trop élevé. Il m'amène un cheval d'une yourte voisine, moins cher mais semble-t-il moins docile. En parallèle, je teste le reste mon matériel, du réchaud au filtre à eau. Je passe pas mal de temps à cogiter sur l'achat de ce cheval, et malgré son prix, je me décide à le prendre et je compte commencer mon périple le lendemain.

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Mais le lendemain, Les chevaux de monsieur ne sont plus à vendre, il ne veut plus rien savoir. Il dit être attaché à ces chevaux. C'est à espérer qu'il ait plus de sympathie avec les animaux qu'avec ses semblables humains. Agacé par ce revirement de situation, j'achète finalement le cheval de la yourte voisine qui m'avait moyennement convaincu la veille. Le propriétaire arrime solidement mon sac à dos sur le dos du cheval et je déguerpis au plus vite pour chasser l'agacement qui m'habite.

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Mon plan est de longer la rive sud du lac puis de marcher vers le nord jusqu'à un petit village, Jagarlant, puis de suivre l'Ider Gol, rivière qui forme un arc jusqu'à Möron, chef-lieu de la province du Khövsgöl. Je me mets petit à petit en jambe, et mes idées noires matinales commencent à se disperser. Au fur et à mesure de mes pas, j'apprends à connaître mon nouveau compagnon que je tiens au bout d'une corde. Je me retourne souvent, je capte les différents signes extérieurs de son comportement et tente de les analyser. Se balader à côté de cet animal massif procure une sensation particulière.
J'avance sur les larges langues vertes qui dessinent le contour du lac lorsque j'entends un craquement. Je me retourne brusquement, le cheval s'agite et je vois mon sac tomber de son dos, la sangle a cassé. Je ne peux retenir la puissance de l'animal et lâche la longe. Impuissamment, j'assiste à la scène. Le cheval accèlere, appeuré par cette charge qu'il traîne. Mais après plusieurs mètres, le lien qui unissait mon sac au cheval se rompt à nouveau et le cheval s'éloigne. Une large entaille dans le sac poussiéreux témoigne de cet incident. Je charge ce dernier sur mes épaules et part récupérer mon cheval dans le sens opposé de ma marche. Mais impossible d'approcher l'animal. Deux jeunes mongoles réussissent à s'emparer de l'animal et me le ramène. Mon sentiment est confus à ce moment, il est hors de question de recharger le sac sur le dos du cheval et je n'avais pas prévu l'option de porter le sac. Je n'ai fait aucun tri, ce qui fait 25kg sur les épaules. Cependant, je n'ai pas d'autre option que de le porter et me remettre de cet évènement.
Un peu plus loin, j'attache le cheval autour d'un poteau électrique et lorsque je décharge mon sac de mes épaules, d'un violent mouvement arrière, le cheval se libère à nouveau. Un papy mongol le capture et me tend la corde à une centaine de mètres de là. C'en est trop pour aujourd'hui, je pense faire marche arrière et rendre le cheval à son propriétaire. Je décide finalement de m'installer dans les hauteurs du lac près d'un bois.
J'attache le cheval autour d'un arbre avec une corde plus solide cette fois et installe ma tente à quelques mètres de là. J'ai un gros coup de blues, j'ai envie de libérer le cheval prendre un transport en commun et m'éloigner de ce maudit lieu.
Le lendemain, la nuit a porté conseil, je décide de rester toute la journée dans ce lieu, pour me réconforter moralement et tenter d'apprivoiser l'animal. Je chasse les pensées négatives et le blues de la veille. Les règles du jeu ont changé et je dois désormais porter le sac mais demain je partirai vers le nord avec mon compagnon capricieux.

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samedi 30 juin 2007

premiers pas en Mongolie

Dernier billet avant de partir pour les steppes mongoles à pied ou à cheval, j'espère donner des nouvelles d'ici un dizaine de jours, si je trouve un café internet, sinon il faudra attendre mon retour à Oulan Bator prévu le 20 juillet.
En attendant voici mes aventures depuis le départ d'Irkoutsk, aux portes du lac Baïkal.
Les wagons du transmongolien sont identiques à ceux du transsibérien, la seule différence à noter est le personnel de bord, exclusivement mongol. Mon wagon est composé en majeure partie d'occidentaux, dont 4 français avec qui je sympathise, une américaine et un couple tchèque, Michael et Yvita, qui partage mon compartiment. Dans leurs bagages, ils ont apportés quelques poissons fumés pour agrémenter le diner et le compartiment. Michael, sosie de Zizou, a appris le mongol à l'université de Prague et il arrive à communiquer avec le personnel de bord, je suis stupéfait quand j'arrive péniblement à prononcer les mots du guide que j'ai. Le mongol s'avère être une langue très difficile.
Rangée dans la famille des langues altaïques, la langue mongole n'a aucun lien avec les autres langues asiatiques, ni avec le russe dont elle a emprunté l'alphabet pour la transcription. Les particularité et difficulté de cette langue résident dans l'harmonie des voyelles. Comme en latin ou en russe, le mongol contient des déclinaisons en fonction de la position du mot dans la phrase (sujet, COD, génitif...). A cela, s'ajoute l'harmonie des voyelles c'est-à-dire que la voyelle du suffixe de la déclinaison est fonction de la voyelle de la racine du mot. En gros, il faut être né mongol pour parler mongol !
L'aventure se passe bien à bord du train, nous arrivons au passage frontière russe et le train est immobilisé pendant 7 heures. Nous descendons du train, mais la ville n'est pas très intéressante. Elle semble exister parce que le poste frontière est là. De nombreux wagons sont enlevés et la locomotive est changée. Nous remarquons qu'un des wagons contient des barreaux à toutes les fenêtres car il transporte des prisonniers sous haute surveillance.

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Il n'y a plus que trois wagons lorsque le train repart. Et ce dernier est en majeure partie composé de touristes étrangers. Après quelques heures le train s'arrête à nouveau pour le passage de frontière mongol cette fois. L'arrêt est beaucoup moins long et le train repart en fin de soirée.
36 heures après le départ et 2 nuits passées à bord, on arrive à Oulan Bator. Une nuée de propriétaires de guesthouses essaient de nous attirer en secouant des pancartes. Je cherche le représentant du Golden Gobi guesthouse afin de retrouver mes potes hollandais rencontrés dans le transsibérien. Quelques minutes plus tard et après avoir souhaiter bonne chance à ceux avec qui j'ai partagé ces 2 derniers jours, j'arrive à l'auberge.
Je ne connais pas les autres hébergements de la capitale mongole mais celui-là je le conseille. Toutes les commodités pour le voyageur sont là, de l'échange de bouquins au lavage du linge, en passant par l'accès internet et une télé équipée d'un lecteur DVD. Mais ce qui fait l'âme d'une auberge, c'est les gens qui y sont. Quand on arrive, on rentre dans une petite communauté et quelques heures après, on en fait partie. L'ambiance est chaleureuse et décontractée. Ceux en partance pour la Chine ou la Russie croisent et conseillent ceux qui sont encore vierges de souvenirs des steppes mongoles.
Malheureusement mes potes hollandais sont déjà partis pour plusieurs jours vers les grands espaces. Je fais la connaissance d'Haruki, un japonais et le courant passe très vite.

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Il me sert de guide dans Oulan Bator et j'en profite pour acheter ce qu'il me manque pour ma longue marche prévue dans les prochains jours. En fait, on trouve tout ici, sacs de couchage, filtres à eau, GPS, tentes, cartouches de gaz, kayaks et surtout des cartes détaillées au 1/500000 ou 1/100000 parfaites pour organiser sa propre randonnée.
Nous faisons la visite des musées de l'histoire mongole, de la nature et des animaux mongols et le temple principal qui abrite un superbe bouddha doré de 26m de haut. A côté de ces attractions, la ville n'a pas d'intérêt architectural et témoigne de la pauvreté de la Mongolie.

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Personne ne vient ici pour rester dans la capitale mais pour voir ses paysages, ses steppes à perte de vue, ses rivières poissonneuses, ses lacs, et ses dunes.
Le surlendemain de mon arrivée, je me présente à la station de bus Dragon, à l'est de la ville. Pour 15000 tögrögs, j'achète mon billet pour Tsetsereg dans la province de l'Arkanghai. Je fais la connaissance de Marko, finlandais qui partagera ma banquette pendant les 11h qui nous séparent de notre destination.

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